Amour et castration, l’histoire d’Héloïse et Abélard

Je vais vous raconter une drôle d’histoire. Une histoire où on mêle de la torture, du féministe et du sexe. Présenté comme ça, je sais que vous imaginez tous le scénario d’un porno SM avec une dominatrice bien sévère. Mais non, je vous l’ai dit « j’arrête de parler de bite à tout bout de champs ». Nous sommes au XIIème siècle, et c’est l’histoire d’un couple qui se bat pour être amoureux, mais lui est beaucoup trop égoïste, et elle beaucoup trop féministe pour vouloir se marier. Voilà l’embrouille.

 Le contexte

Héloïse, une tête bien pleine et bien faite, d’ailleurs elle est féministe. Bien avant l’heure. Genre il y a une heure pour être féministe. Elle a grandi au couvent d’Argenteuil, mais ça n’a pas suffit pour dompter son sale caractère. La meuf, elle est têtue, et en plus, elle revendique le droit d’être une femme libre. Lol. N’importe quoi.

Abélard, un prêtre réputé et égoïste. Entre le IXème et le XIIème siècle, les évêques s’enrichissent grave, genre les monastères n’ont plus rien, mais les mecs, eux, ils s’en sont mis plein les poches. Par contre, depuis peu après 1130, ils ne peuvent plus se marier. Bin ouais, on peut pas tout avoir. L’avantage, c’est que ces mecs vont enseigner, bin oui, ils ont les moyens de pas faire grand chose. Ils vont créer des écoles qui seront vraiment le point de départ des universités. L’idée c’est de faire de la philo, de la théologie, et en 1102, il y a un mec célèbre. Abélard. On le demande partout.

La rencontre

Fulbert a plein d’argent. Vraiment. Et comme beaucoup de riches, il est extrêmement avare. Aussi lorsque sa nièce lui demande de lui payer des cours de théologie du célèbre Abélard, le tonton Fufu, il refuse. Genre « ça va pas la tête, dépenser autant d’argent, c’est de la folie, va plutôt faire de la couture ». Continuer la lecture

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Sois vierge et tais-toi. Les communautés religieuses au VIème siècle

Aujourd’hui, je vous raconte comment sont apparues les premières communautés religieuses aux alentours de l’année 513. C’est pas compliqué, il faut des femmes (vierges), de la place, une église, et un mec pour dicter les lois. Ça pue un peu le patriarcat. Ça pue un peu tout court en fait.

Césarie et Césaire sont sur un bateau. Ah non.

C’est l’histoire d’un mec qui est évêque à Arles, (Saint) Césaire, et de sa sœur, Césarie, qui est vierge et qui s’emmerde. En fait, Césarie passe beaucoup de temps à l’Église avec certaines de ses copines, du coup, elles n’ont pas le temps de pécho. Et puis, elles vieillissent et décident de vivre ensemble physiquement leur amour pour Dieu. Par physiquement, je veux pas dire qu’elles couchent ensemble en récitant des Pater Noster, non non. Elles veulent vivre sous le même toit. Ni une ni deux, avec les fonds de l’Église, Césaire va faire construire un monastère à Arles et foutre sa sœur et ses copines dedans. Pour ne pas que ça tourne mal, il va indiquer quelques règles à respecter par les 200 pensionnaires. Des règles religieuses, et chiantes. Evidemment.

Les règles de Césaire

Césaire est la première personne à écrire des règles de vie pour une communauté religieuse de femmes, et ce qui lui importe pour les meufs, c’est leur esprit. Il veut qu’elles soient épanouies dans la religion, sans complaisance, mais sans rigidité non plus. En gros, il veut des règles trankil. Mais des meufs vierges et qui la ferment.

 Le noviciat

Le noviciat c’est la période de transition entre la vie laïque et la vie religieuse. Chez Saint-Césaire, la période d’essai est variable. En général, elle dure un an. Or, si la fille est vraiment motivée et fait ses preuves rapidement, en quelques mois ça peut être terminé. En revanche, ça peut durer jusqu’à deux ans pour certaines. C’est la prieure qui décide quand s’arrête le noviciat.

 Le vœu de pauvreté

Césaire a décidé qu’il n’y aurait aucune austérité de bouche, c’est pas le régime sec. Ce qui lui importe c’est que la femme abandonne complètement sa vie et son argent. Bin oui, quand on rentre au couvent, on doit donner tout son argent et ses biens (vêtement personnel, mobilier, bijou) à la communauté Continuer la lecture

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Le curé, la putain, et la chasteté.

Salut internet, après un premier article sur les putes et les bourgeoises au XIXème siècle, avec Polina, du blog Polinacide (clique pour lire son article), on a décidé de retravailler ensemble sur un même thème. Le principe est simple, on prend un document Gallica qui nous intéresse et on le travaille chacune de notre coté. Celui-ci nous avez été envoyé par un lecteur, J. Dekeroual, il s’agit d’un document sur la fréquentation des filles publiques par les curés. On reste dans la bonne ambiance. 

L’ordre sexuel dans la religion

Dans le catholicisme, il existe une sorte de tryptique sexuel. Il touche tous les Hommes, les religieux, les mariés et les célibataires. Si jamais, il y en a un des trois qui déconne, tout est déséquilibré.

Voici les trois règles :

  • Les prêtres, religieux et religieuses doivent être abstinents.
  • Les célibataires doivent être abstinents.
  • Les personnes mariées doivent être fidèles et connaître des périodes de continence (et puis aussi ne pas être du même sexe hein, on déconne pas avec ça. Un papa, une maman).

Bin, si tu veux mon avis, c’est pas funky funky la religion.

Évidemment, l’équilibre est super instable.

Depuis le XIIIème siècle, les curés ont fait vœu de chasteté. Bin ouais, ils peuvent pas passer leurs journées à dire aux autres de pas baiser, pas lui, pas elle, pas comme ça, pas maintenant, et eux, se faire plaisir dans le stupre. Non, c’est impossible. Du coup, hop, chasteté pour tous les religieux. Le truc pratique, c’est qu’ils disent prendre exemple sur le Christ, ça légitime. Chacun ses prétextes. Moi, de toute façon, ça me tente moyen les mecs en soutane. Bref. C’est beau l’éthique sexuelle chez les curés, d’ailleurs les moines bouddhistes aussi sont chastes, enfin, en théorie. Un petit coït rapide avec une pénitente, une religieuse, ou une fille publique, ça ne fait de mal à personne, hein. Si personne le sait, ça ne compte pas, si ? Dieu est pardon.

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La chasteté parfois c’est mieux.

Cass. Crim. 16 octobre 1817

Un joli arrêt de la cour de cassation mais attention, dedans y a de la violence entre époux et même un mort, non il y en a deux en fait. Âmes sensibles, ceci est une histoire vraie.

Les faits :

Un beau jour, une demoiselle se promène quelque part dans le département de la Seine-et-Marne et rencontre Monsieur Seven. Très vite c’est le Big Love, rencontre avec les parents, fiançailles, mariage, missionnaire. Et puis, grand malheur, monsieur décède dans des circonstances qui nous sont inconnues, mais qu’importe c’est pas le sujet. Madame est triste, elle pleure son défunt mari.

Puis un beau jour la veuve Seven, Marie-Jeanne de son prénom, retourne se promener quelque part dans le département de la Seine-et-Marne et rencontre Monsieur Martoury. Face à l’imprévisibilité de la vie, Madame décide de ne pas se marier et de passer directement à l’étape missionnaire. Sage décision, mais les capotes et autres éponges ou seringues de vinaigre ne sont pas en vente libre. Marie-Jeanne tombe enceinte de son amant. Ils n’ont pas trop de fric pour l’élever et surtout n’en n’ont pas envie. Un autre beau jour, dans le département de la Seine-et-Marne, Monsieur Martoury décide de tabasser violemment Madame avec pour objectif d’interrompre la grossesse. Échec.  Il n’est bon à rien, ce Martoury. Il ne reste plus à Marie-Jeanne que se débarrasser du nourrisson dès sa naissance dans un joli ruisseau. De toute façon qui a envie de vivre en Seine-et-Marne ?

La procédure :

Nous sommes le 3 septembre 1817 et la Cour d’assises rend son verdict. Marie-Jeanne écope des travaux forcés à perpétuité pour meurtre (Sur son épaule marquée au fer rouge, les lettres TP pour Travaux forcés à perpétuité). Quant à Martoury, il doit effectuer une peine de réclusion, pas trop lourde, pour tentative d’avortement. Il n’est pas impliqué dans l’assassinat du nourrisson puisqu’il avait abandonné femme et enfant après les avoir tabassés.

Les anciens amants vont alors former un pourvoi en cassation car ils ne sont pas satisfaits du sort que leur réserve la justice. Si on ne peut plus tuer  la chair de sa chair tranquillement maintenant, où va-t-on ?

La Cour de cassation rend son verdict le 16 octobre 1817. Madame est déboutée immédiatement, alors que Monsieur, qui est un véritable crétin, va voir sa peine s’alourdir.

Les explications :

La Cour d’assises a violé l’article 2 du Code Pénal de 1810 en condamnant Martoury pour tentative et non pas pour crime. Renvoyé devant une autre cour, son jugement va être révisé, à la hausse. Eh oui. Cependant, il faut savoir que si la tentative d’avortement par un individu quelconque est assimilée au crime, il n’en est pas de même lorsque la tentative est effectuée par la femme enceinte. Il est alors possible de penser que lorsque la femme demande à son compagnon de la tabasser, c’est-à-dire qu’elle donne son consentement, alors celui-ci ne devrait être condamné que pour tentative en cas d’échec. Mais non, le Code Pénal ne veut pas.

Ce qu’il faut retenir :

Si tu ne veux pas te retrouver avec une flétrissure sur l’épaule gauche, dans une  maison de travail et avec un amant en fuite, évite de te promener en Seine-et-Marne, ou arrête de coucher avec le premier venu. La chasteté, parfois, c’est mieux.

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