We can do it : l’histoire d’une affiche (pas) féministe

We can do it, célèbre affiche que l’on voit partout. Elle symbolise aujourd’hui le féminisme, la force, l’indépendance, la femme. Mais c’est loin d’avoir toujours été le cas. Découvrez dans cet article sa véritable histoire.

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 L’industrie de guerre : KEEP ‘EM FIRING !

L’affiche a été concue en 1943. Les années 1940, c’est pas la franche rigolade dans le monde (indice 1)(indice 2). Pour ceux qui sont nuls en conflits mondiaux, depuis 1933, son arrivée au pouvoir, Hitler casse les roubignoles à tout le monde et a pour mission d’exterminer la moitié du monde. Les Américains, ils sont pas trop d’accord, du coup, ils se mêlent au conflit pour venir en aide à l’Europe et à l’humanité. En revanche, le Japon s’est planqué du coté des nazis. Aussi, le 7 décembre 1941, les Japonais font une frappe surprise à Pearl Harbor, à Hawaï. Chez les américains quoi. Bon, les ripostes vont être terribles… Et pour cela, il faut qu’aux Etats Unis d’Amérique, les mecs partent faire la guerre et que les nanas fassent vivre le pays. Terminé les feignasses, bougez-vous le cul, rendez-vous dans les usines, et pas pour faire du tricot. On veut des armes, des protections et encore des armes.

Keep 'Em firing !

Diverses affiches viennent motiver les employé(e)s : Le slogan est Keep ‘Em Firing ! (pour qu’ils puissent continuer à tirer !) Et elles sont assez drôles. Enfin, drôles… Toute proportion gardée, c’est pas non plus à se taper le cul par terre. Jugez par vous même. Hitler coincé dans une pinceHitler, cible gammée sur le culLa menace sur vos foyersHitler en caleçonHitler à ton réveil

 Keep 'Em firing !

En 1942, des conflits entre les patrons et les ouvriers apparaissent, alors, on va un peu changer de discours. C’est toujours : on va les niquer. Mais ENSEMBLE ! Le patronat et les ouvriers, mains dans la main. Ou presque. C’est l’heure du « Together, we can do it ! ». Alors, ça marche un temps, mais ça s’essouffle. Faut dire que la main d’œuvre perd espoir, se démoralise. Les hommes partent à la guerre, les femmes sont seules dans les usines, et souvent les hommes ne reviennent pas. Alors on en a assez de la politique de la guerre. Alors en 1943, l’entreprise Whestinghouse Electric lance une nouvelle campagne par J. Howard Miller, contre l’absentéisme, pour rebooster le moral : c’est le We can do it ! On peut le faire. Les femmes sont fortes, indépendantes et peuvent gérer des taches importantes. Lol, non pas du tout… C’est loin d’être ça…

We can do it : pas féministe du tout

L’affiche We can do it, a été imprimée à moins de 2000 exemplaires et affichée dans toutes les usines de Westinghouse dans différents états du pays à partir du 15 février 1943. J. Howard Miller se serait inspiré d’une photo de Geraldine Hoff Doyle, née en 1924, pour faire son affiche. Un visage doux et agréable, une manucure parfaite, un petit foulard pour montrer la beauté de la vie, mais aussi un bleu de travail, des gros bras et de la détermination, pour montrer que si on veut que la vie soit belle, il faut se battre !

Dans les usines, on fabrique des revêtements pour casques. Les employés sont majoritairement des femmes. Mais attention, dans WE can do it, le WE (nous) ne signifie pas les femmes. Non non, ça signifie l’industrie américaine. Dans une ambiance paternaliste, sexiste et patriarcale, on va quand même pas dire que les femmes peuvent faire quelque chose sans les hommes. Faut pas déconner. D’ailleurs, les Rosies sont les femmes qui travaillent dans les usines, on les motive, on les sort de chez elles et tout, mais bon, elles font des doubles journées, sont régulièrement harcelées par les patrons, payées moitié moins que les hommes, et quand les soldats rentrent de la guerre et reprennent les postes dans les diverses usines, bin c’est terminé. On ne veut plus de Rosies. Elles doivent rentrer à la maison et faire des gamins pour repeupler tout ça. Pourtant 80% des femmes voulaient garder leur job ! C’est moche. Très moche.

We can do it : la réappropriation féministe

Il faut attendre les années 1980 pour que l’affiche symbolique l’émancipation des femmes. Désormais le WE can do it, signifie : « Nous, les femmes » ! L’idée c’est de se réunir et de s’unir contre le patriarcat et l’inégalité homme-femme. De nombreuses femmes miment désormais cette affiche, c’est le cas de la très célèbre Beyonce, mais aussi Pink, ou Hillary Clinton

tipee baniere

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14 thoughts on “We can do it : l’histoire d’une affiche (pas) féministe

  1. « Elles doivent rentrer à la maison et faire des gamins pour repeupler tout ça. Pourtant 80% des femmes voulaient garder leur job ! C’est moche. Très moche. »
    Mince, on aurait dû demander aux hommes de faire des gosses aussi.
    Sinon ben on y est maintenant, le chômage, les enfants élevés par des inconnus, l’immigration pour repeupler..

    • Bonjour Oim,
      je ne sais pas si tu as un peu parcouru ce blog : on y apprend beaucoup de choses, notamment sur les idées reçues et les préjugés.
      Je ne vois pas le lien que tu fais entre « on aurait dû demander aux hommes de faire des gosses aussi » et « le chômage » etc. Veux-tu dire qu’un homme au chômage est un vrai chômeur mais qu’une femme au chômage compte moins car elle doit élever les enfants ?
      (Au passage je serais curieuse de savoir comment des femmes seules font des gosses, en tout cas à l’époque dont on parle, l’immaculée conception peut-être ?) Pour ta gouverne, il existe (peu mais il en existe) des pères au foyer qui se débrouillent très bien.
      « L’immigration pour repeupler » je me demande aussi d’où vient cette information. Dans les années d’après-guerre et les trente glorieuse, la France a pratiqué une immigration (souvent issue de ses colonies) pour obtenir de la main d’oeuvre efficace à bas prix.
      De nos jours je ne vois pas trop ce que le repeuplement a à faire ici, quel(s) pays faut-il repeupler aujourd’hui exactement ? (c’est une vraie question)
      Quant aux « enfants élevés par des inconnus », là non plus je ne comprends pas trop ton raccourci. Penses-tu qu’un pouvoir supérieur force des milliers de foyers à faire garder leurs enfants par des gens dont ils ignorent tout ? Non assurément ces foyers font ce choix sans que personne ne les y oblige, ça s’appelle le libre-arbitre, oui je sais c’est un mot-valise un peu long et compliqué, mais régulièrement en France et ailleurs on descend dans la rue pour le défendre (je ne sais pas si c’est efficace mais en tout cas on y tient).
      Bonnes lectures, apparemment tu as beaucoup de travail.
      Cordialement,
      Ta congénère.

  2. Pingback: Lee Miller, la photographe des camps de l'horreur | Raconte-moi l'Histoire

  3. Bonjour,

    je me permets un commentaire rectificatif parce que votre phrase « Les Américains, ils sont pas trop d’accord, du coup, ils se mêlent au conflit pour venir en aide à l’Europe et à l’humanité. » n’est pas tout à fait… exacte !

    Les « lois de neutralité » votées par le Congrès en 1935 interdisent aux USA d’entrer en guerre pour soutenir leurs alliés.
    Ils ne peuvent intervenir que sur les navires de guerre voguant dans les eaux américaines.

    De plus, la grande majorité du peuple américain est isolationniste et ne veut pas se mêler à un conflit hors territoire américain.

    Roosevelt va utiliser autant que possible la clause « cash and carry » et la « loi prêt-bail » pour apporter son soutien.
    Néanmoins, la situation le défrise et il souhaiterait (pour des raisons majoritairement économiques) se jeter dans la bagarre.

    Aussi, quand les diplomates japonais demandent une entrevue au Secrétaire d’État afin de poser un ultimatum, après un mois de « négociations de paix » non abouties, Hull va les faire attendre un bon moment avant de les recevoir.
    La réussite de ces négociations conditionnait l’attaque de Pearl Harbor. L’État Major japonais attendait l’avis des diplomates pour stopper l’attaque.
    Or, sans contre-ordre, l’attaque fut lancée. Avec le résultat que l’on sait.

    Il y a tout lieu de croire que l’espionnage américain savait que les japonais préparaient une attaque et que le Secrétaire d’État avait reçu l’ordre de recevoir les diplomates japonais le plus tard possible, afin de mettre le Japon dans une situation de porte-à-faux.

    Cette attaque provoqua l’indignation du peuple américain et les USA entrèrent en guerre le 8 décembre 1941.

    Comme je pense, à la lecture de votre blog, que vous êtes sensible au « sens caché » des choses, cette rectification est nécessaire parce que, sous l’éclairage un peu poussé du déroulement des évènements, on constate que le pouvoir américain était loin d’avoir le sens moral que votre phrase lui attribue.

    L’économie américaine était en crise et cette entrée en guerre a permis à Roosevelt de mettre en place le «Victory Program», et les USA de produire des quantités colossales de matériel de guerre, devenant ainsi «l’arsenal des Alliés», ce qui, vous vous en doutez, n’était pas gratuit…

    De plus, et pour conclure…
    « L’infamie » de l’attaque de Pearl Harbor a fait partie des arguments permettant de justifier les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki.
    Malgré le fait que les japonais aient rejeté les conditions de reddition le 2 août 1945, leur défaite imminente ne justifiait en aucun cas l’utilisation de l’arme atomique sur des populations civiles.
    Cette utilisation, que certains historiens considèrent comme néanmoins « positive » au regard du déroulement de la Guerre Froide, est considérée comme crime de guerre…
    Crime de guerre, c’est une façon polie de qualifier un acte terroriste.

    Après, étonnez vous que certains américains se posent des questions sur le 11 septembre et la responsabilité réelle de leur gouvernement.
    D’autant plus que l’intervention en Irak a été « justifiée » par l’existence d’armes de destruction massive, qui n’existaient pas. (Et que l’on sait que Bush a menti comme un arracheur de dents !)

    Quand des gouvernements en arrivent à un tel niveau de mensonge et de manipulation du peuple, on se demande jusqu’où le sens moral peut être dévoyé.

    C’est moche tout ca. Très moche.

    Bonne journée.

  4. Pingback: GRAPHIQUES INEGALITES | Pearltrees

  5. Comme nous sommes sur un blog d’histoire, je me permets d’apporter ma contribution au commentaire précédent. Par rapport aux bombes atomiques qui auraient permis une signature rapide de la fin de la guerre du pacifique, c’est un gros mensonge. En premier lieu, parce que les japonais ont mis beaucoup de temps à comprendre le caractère particulier de ces bombardements atomiques, ensuite parce qu’ils n’ont pas été si meurtrier que çà. Enfin, trop quand même, mais moins que d’autres bombardements par B52 avec bombes au napalm. De plus, l’état major japonais n’était nullement « impressionné » par le bombardement de villes. En fait, c’est la percée russe au nord des îles japonaises qui a provoqué la demande japonaise de reddition et la grande mansuétude des américains vis à vis des criminels de guerre japonais. Cette percée prenait à revers toutes les défenses japonaise. En conclusion, l’explosion des 2 bombes nucléaires sur des civils n’a toujours aucune justification sensée et encore moins humainement.

    • mamie, stp arrete de faire comme les jeunes, ca te vas pas en plus tu prends trois plombes sur ton clavier des annees 20.
      Retourne te coucher
      Bonsoir
      OUBLIE PAS DE PRENDRE TES CACHETS AVANT DES DORMIR SINON TU VAS ENCORE AVOIR LA DIARHEE

  6. Un peu sexiste et léger le ton employé. Traiter les femmes de « feignasses » c’est d’une élégance !

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