Cléo de Mérode, icône de beauté de la Belle Epoque

J’étais en train de réfléchir à un article sur Nadar, le photographe, et puis de passage sur Gallica, j’ai découvert Cléo de Mérode dans les albums de Reutlinger. Alors, j’ai lu Le Ballet de ma vie. Cléo est belle, elle a un parcours atypique et je vous raconte son histoire aujourd’hui.

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Cléo de Mérode, qui est-elle ?

Son vrai petit nom c’est Cléopâtre-Diane de Mérode, c’est une fille illégitime (ce qui pue un peu à l’époque) mais d’un couple riche (du coup, ça va). Elle est née en 1875 à Paris. Rapidement, sa mère, Vincentia de Mérode, qui l’élève seule, va lui foutre une petite pression : « ma fille, tu dois réussir ! ». Et ça commence avec la danse. Cléo est jolie, elle est fine et bien faite, elle doit faire de la danse.

La danseuse Cléo

Douée, elle devient un petit rat d’opéra. Sa mère ne va pas pousser le vice à en faire une prostituée pour trouver un financement, parce que oui, c’est comme ça que ça marche. Les petites danseuses sont souvent livrées avant ou après les représentations à des hommes qui aiment choper de la petite fille (elles ont souvent entre 13 et 14 ans). Les parents proches ne sont pas seulement au courant, ils sont aussi complices et responsables de cette situation. On laisse les gamines dans les foyers de danse et on leur demande de sourire, d’être belles, voire aguicheuses. Et puis de coucher. Faut bien faire du fric hein. Ce ne sera pas le cas de Cléo qui toute sa vie va lutter pour ne pas qu’on confonde danseuse et prostituée (souvent en vain).

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Cléo de Mérode de par son nom va réussir à danser pour le Paris friqué, aussi, en 1900, elle se transforme en danseuse cambodgienne pour l’exposition universelle à Paris. Puis elle danse dans des salons mondains mais aussi aux Folies Bergères et à l’Opéra-Comique. En 1924, elle décide de quitter ses chaussons. Ras le bol du parquet et des pieds abîmés. Elle accepte cependant de faire quelques représentations pour ses amis en 1934 dans La revue 1900.

A coté de la danse, Vincentia va pousser sa fille, encore adolescente ou jeune adulte, à faire des photographies.

Cléo de Mérode, modèle photo

Dès son plus jeune âge, Cléo a été prise en photo. Pas de nombreuses fois, mais du fait de son statut puis de sa place à l’Opéra, elle prend la pose très tôt. Faut dire qu’il y a maman qui veille. Elle choisit tout, la pose, la tenue, la coiffure, le maquillage éventuel. En 1894, alors qu’elle a 19 ans, Cléo de Mérode va connaître un tournant dans sa vie.

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Elle rencontre Paul Nadar (fils du célèbre Félix Nadar) mais surtout Léopold-Emile Reutlinger, les deux sont photographes et vont diffuser à l’international l’image de Cléo de Mérode. Eh oui. A la fin du XIXe, c’est quand même quelque chose. Les clichés sont utilisés pour faire des cartes postales et ça marche bien ! Une des photographies les plus célèbres de Cléo est une reconstitution du spectacle pour l’exposition Universelle de 1900, elle porte une tenue de danseuse cambodgienne. C’est exotique, c’est sexy. Ça plaît beaucoup !

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Pendant plus de dix ans, Cléo de Mérode va faire de nombreux shootings. On la voit les cheveux détachés, un air angélique, parfois les photographies semblent être des icônes religieuses. Le regard bas, le sourire bienveillant et la pureté de son teint. Et puis, la Première Guerre mondiale éclate, l’heure n’est plus à la fête et surtout, Cléo vieillit… Bin ouais. Elle a 40 ans. Et à 40 ans, c’est moins fastoche d’avoir des airs angéliques, la peau douce et les seins fermes… Alors les séances photos s’espacent de plus en plus et Cléo de Mérode passe de la notoriété au calme, loin des ragots, subterfuges et autres malices…

Les ragots et la notoriété

Durant sa vie, Cléo de Mérode n’a pas fait de vagues. On ne lui connaît pas mille amants. Pas même dix. Pas d’enfant illégitime ni de soirée de débauche. En fait, elle a été fiancée, deux fois. En vain. Et a eu une liaison avec le sculpteur espagnol Luis de Périnat. Mais à partir de 1896, deux histoires se font entendre.

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  • Cléo de Mérode a posé nue ?

    Il se pourrait que oui, mais elle maintient que non. En 1896, Cléo prête son visage à Falguière, un sculpteur. L’idée est donc qu’une statue dont le corps est caché par un voile porte son visage. Mais le soir de l’inauguration du Salon de Printemps, surprise ! La statue est à poil ! Il n’y a aucun voile et tout le monde pense qu’en réalité, Cléo de Mérode a posé nue. Bon, alors quand bien même c’est vrai, y’a rien de foufou hein, encore qu’à l’époque, on parle d’indécence, mais c’est un mensonge et Cléo le maintiendra toute sa vie.

  • Cléo de Mérode couche-t-elle avec le roi des Belges ?

    Léopold II, roi des Belges, est déjà un peu vieux au moment des rumeurs… Cléo confirme le fait que le Léo la kiffe bien et lui écrit de nombreux courriers (enflammés) mais rien sur une éventuelle liaison. Les journaux les appellent Cléopold et ils les foutent partout caricaturés, moqués… Comme quoi avec Brangelina, on n’a rien inventé. Peu importe, Cléo de Mérode a toujours su préserver sa vie privée tout en contrôlant le plus possible son image publique lors des séances avec les photographes.

Autre histoire, plus tardive… Cléo de Mérode gagne un procès contre Simone de Beauvoir. Eh oui, dans son livre, le Deuxième Sexe, l’auteure raconte que Cléo est une cocotte, et ça, ça ne passe pas. Si tu ne sais pas ce qu’est une cocotte, grosso modo, c’est une pute de luxe du Second Empire, parfois plus courtisane que prostituée. Mais pour Cléo de Mérode, c’est impardonnable.

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En 1966, Cléo de Mérode décède dans son appartement parisien à l’âge de 91 ans.

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6 thoughts on “Cléo de Mérode, icône de beauté de la Belle Epoque

  1. C’est passionnant ! Je ne la connaissais et j’en voudrais bien encore ! Y’a juste 2 coquilles, il manque un « le » avant corps au sujet de la statue de Falguière et c’est S à la fin de « soutiens le blog ». Merci pour toutes ces histoires et le ton avec lequel tu les transmets 🙂

  2. J’ai toujours eu de l’affection et une grande admiration pour cette femme superbe et pour la vie libre qu’elle a menée. Merci de nous la présenter sous son vrai jour, bien éloigné de l’image de la grande cocotte. Le demi-monde, c’était cela aussi, des femmes du grand monde, rejetées par leur milieu, mais pas forcément tombées dans la prostitution. Merci de vos chroniques que je lis toujours avec plaisir.

  3. Le format est sympa mais ça manque d’une petite bibliographie si on veut creuser d’avantage le sujet… Les « Bin ouais » sont cependant très maladroits et gâchent le ton et la qualité de l’écriture. À éviter !

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