La boisson au Moyen Age, c’est pas d’la piquette ! (enfin, si)

Aujourd’hui on va parler boisson. Et surtout, pinard. Bin oui. Au Moyen Age c’est ce qu’on boit le plus. On boirait bien de l’eau, mais le plus souvent, elle n’est pas potable. Personne n’a envie de choper la dysenterie. Personne. C’est une infection du colon, comme une grosse gastro, et puis tu peux en mourir. Personne n’a envie de mourir. Alors on boit du vin, du blanc et puis du rouge.

Le pinard, la boisson du Moyen Age

Le vin ne se conserve pas longtemps, jamais plus d’une année. Mais ça tombe bien, on en produit pas beaucoup plus que la consommation nécessaire. Jusqu’au XIème siècle, on fabrique principalement du vin blanc et il faut attendre le XIIème siècle pour voir du bon rouge qui tâche. Les vins sont faibles en alcool, ce qui fait que tu peux en boire beaucoup avant d’être démonté. Un avantage lorsqu’on sait que c’est la première boisson consommée. En plus, on le coupe à l’eau parce qu’il est dégueulasse, et quand vraiment c’est imbuvable, on rajoute des plantes ou des fruits pour sucrer un peu le truc. Ça ne vous rappelle rien ? Bin si, la sangria !

Avec les premières croisades, les mecs ont ramené des épices du moyen orient dès le XIème siècle. Et puis à partir du XVème et XVIème siècle, y’a encore plus de trucs. Les épices restent rares et chères mais c’est super classe de les ajouter dans le vin. D’une part ça masque l’acidité du vin, et d’autre part, c’est une manière un peu subtile de montrer que le mec a plein de fric. C’est tout l’inverse de la rolex. Tape à l’œil, et pour les baltringues.

En ajoutant des épices, des plantes ou des fruits, on retrouve alors des vin de sauge, d’anis, de romarin, ou encore le célèbre hypocras. Toutes ces boissons sont des apéritifs, je vous parle de l’histoire de l’apéritif, ici, sur Slate. C’est important pour la diététique et c’est médical. Qu’ils disent. C’est vrai que ça facilite la digestion. Avec l’acide qu’il y a dans le bordel, ça brûle tout.

Les vendanges

Une grande partie de l’Europe produit du vin, pas partout évidemment, mais ailleurs ils boivent alors de la bière. Quand on a quelques pieds de vigne ou plusieurs hectares, on fait pas ce qu’on veut quand on veut. Les dates des vendanges sont fixées par le seigneur qui a vérifié la maturité du raisin. Avant cette loi, les mecs avaient peur de la pourriture du raisin du coup, ils ramassaient tout alors que c’était vert et dégueulasse. Pour prévenir les viticulteurs, le seigneur va à la fin de la messe crier « ban des vendanges », et hop c’est maintenant. On récolte les raisins et on les presse avec les pieds. Pour cela, il faut visiblement avoir un beau slip blanc (si si, regarde), et les pieds propres (on espère). Les mecs utilisent une serpette. Ce sera remplacé par le sécateur au XIXème siècle seulement ! Après les vendanges, on taille la vigne, toujours avec la serpette, et on récupère les souches pour se chauffer ou allumer le four à pain.

 

A la bouteille ou au verre ?

Dans les classes populaires, chez les pécores quoi, le vin est bu à la bouteille ou alors, la famille se partage un gobelet. Tout le monde picole le vin, même les enfants. Et ça dure jusqu’au XIXème siècle, voire début du XXème.

Lors d’un repas royal, le roi est le seul à avoir son propre verre (pour éviter les empoisonnements), tous les courtisans se partagent un gobelet. En métal, en terre cuite, ou en céramique. Ou encore dans une sorte de hanaps, un vase à boire, à pied. Il faut attendre le XVIème siècle pour avoir un verre en verre, sous l’influence italienne. L’avantage c’est qu’il ne laisse pas d’arrière goût du fait de sa composition.

Les courtisans se partagent aussi un couteau et un tranchoir (une tranche de pain rassis qui sert d’assiette). Le vin n’est pas posé sur la table avant le XVIIIème siècle, c’est très mal vu. La bouteille est posée sur une desserte, proche de la table. Et c’est pas n’importe qui n’importe comment qui sert le pinard !

Le service !

Les nobles sont préparés à servir le seigneur, ou le roi dès l’adolescence. Ça rigole pas. Servir est un honneur. Enfin, soit disant. Chacun a sa place et sa responsabilité.

Le sommelier doit réapprovisionner la cave et choisir le vin qui sera consommé à chaque repas, selon les mets.

Le bouteiller est le responsable des vignobles royaux. Le mec le plus important, est l’échanson, c’est lui qui a la charge de servir à boire au roi. Il doit également mélanger l’eau au vin, et pas n’importe comment. Et surtout, surtout… il doit vérifier qu’il ne soit pas empoisonné en le goûtant. Et du coup, s’il l’est, bin, l’échanson tombe malade, et selon… il meurt. Une tache avec d’importantes conséquences donc. Le roi doit avoir une totale confiance en lui.

Lorsque les échansons ne goûtent pas les vins, on verse l’équivalent d’un verre dans une corne de licorne (de narval en fait). Si le liquide reste froid, c’est bon. S’il se met à bouillir, il est empoisonné. A mon avis, y’a un paquet de mecs qui ont du mourir empoisonnés avec cette technique… Mais bon, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un verre de pinard !

Et puis parfois, on va trop loin... (présence de vomi médiéval)

L’album facebook de Gallica sur les vendanges
Les illustrations, c’est sur Gallica
Le vin dans les fabliaux

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5 thoughts on “La boisson au Moyen Age, c’est pas d’la piquette ! (enfin, si)

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  4. Merci ! très bien fait ! Il y avait cependant quand même du bon vin, et dans les mêmes proportions qu’aujourd’hui les grands vins chers. Ces vins étaient chers et ils étaient conservés longtemps, presque toujours exportés la populace n’y avait pas accès, ce sont les ordres religieux qui géraient tout ça et ramassaient l’oseille. Certaines places commerciales se sont fait plein de fric avec ce vin-là et sont devenues riches. Quant au vin d’Hypocras souvent présenté comme le vin du Moyen-Âge, il était en effet anecdotique.

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