Le raid de Dieppe, ou le débarquement raté de 1942

La victoire des Alliés en Europe est en partie due aux débarquements sur les plages normandes durant l’année 1944 mais ce dont on parle moins, c’est du débarquement majoritairement canadien complètement raté –ou presque- en 1942… Heureusement que je suis là pour vous en toucher deux mots, ou un peu plus.

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Le contexte avant le raid de Dieppe

L’année 1942 est ce qu’on appelle « l’Année Terrible » et pour cause, l’Allemagne Nazie remporte toutes les victoires et étend son territoire à une vitesse monstre, elle menace notamment de prendre le canal de Suez (qui constitue une des branches phares de l’économie britannique). Si la Russie peine à maintenir les frontières à l’est, Caucase, Iran et Turquie, à l’ouest les troupes avancent jusqu’à Biarritz et au large de la côte atlantique, les sous-marins allemands détruisent deux fois plus de bateaux que l’année d’avant. Staline croule sous les attaques, il demande de l’aide aux différents états américains, il faut envoyer du monde à l’ouest pour diviser les forces allemandes et calmer le jeu à l’est.

Les américains, ils ne sont pas franchement chauds-chauds et Churchill préfère un débarquement en Afrique du nord ou dans les Balkans. Malgré tout, l’opération Jubilée se met en place.

L’opération Jubilée et ses différentes opérations

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Pour ralentir la fougue allemande et l’effrayer, l’opération Jubilée compte 5000 canadiens, 1200 Britanniques, 50 rangers américains, 15 commandos français et le matériel est également très important : 237 bateaux, 60 escadrilles de chasse et 7 escadrilles de bombardiers. En face, on trouve 1 500 Allemands (les divisions et brigades d’Amiens et Vernon ne sont pas loin, mais elles n’auront pas le temps d’intervenir). A priori, en terme de moyen physique, les Alliés ne sont pas trop mal, mais c’est sans compter sur les installations allemandes et les conditions climatiques….

En juillet 1942, l’opération Rutter se met en place pour prendre le port de Dieppe et préparer l’opération Jubilée. Des troupes d’assaut sont embarquées et rencontrent une véritable tempête, les côtes françaises sont impossibles à approcher sans prendre le risque d’être repéré par les Allemands. Tous les hommes sont donc renvoyés sur les terres britanniques…

En août 1942, on lance quand même l’opération Jubilée largement constituée de canadiens ayant suivi un entrainement au Royaume-Uni. Mais les petits jeunes, ils n’ont jamais foutu les pieds sur un vrai terrain de guerre alors le 19 août 1942, beaucoup d’entre eux vivent leurs derniers instants. A 03h, 150 bateaux sont répartis en une dizaine de groupes pour traverser la Manche. L’idée est d’occuper 20 kilomètres de la cote de Berneval à Quiberville, en passant par Dieppe.

Mais ça va se gâter.

Berneval, les falaises meurtrières

a5a7bb34a5206d552ae32f7ce2819168Il n’y a pas moins de 23 bateaux qui débarquent à Berneval au petit matin, seulement 15 minutes après le lever du soleil. Sauf que… On a dit que rien ne se passerait comme prévu. Le flotte est tombée sur une patrouille allemande qui partait pour Dieppe et une vraie bataille a été menée sur l’eau. Au final, seulement sept navires ont réussi à rejoindre les côtes, soit une centaine d’hommes. Mais les Allemands étaient bien en place, il n’y avait plus aucun effet de surprise, alors les hommes de six bateaux sont mitraillés à peine après avoir posé le pied sur le sable et les rescapés sont obligés de se rendre. Seuls les membres d’une péniche parviennent à grimper le long d’une falaise, ils escaladent sur du fil barbelé et c’est à ce moment-là que le premier soldat américaine est tué en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s’agit du second lieutenant Edward V. Loustalot.

Au final, disons-le : c’est un fiasco.

Puys et ses maisons fortifiées

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A Puys, toutes les maisons qui bordent la plage ont été réquisitionnées par les troupes allemandes pour en faire des blockhaus, de fait, toute la côte est fortifiée.  Plus de 500 hommes débarquent, mais ils ont du retard, le jour est levé depuis plus de 20 minutes et les allemands sont prêts. Armes automatiques, tirs d’obus, de grenades et de mortier. L’accueil est pour le moins explosif. C’est un véritable charnier. Au bout de 3h de lutte, les quelques rescapés doivent se rendre avant 09h le matin. Une petite équipe parvient à prendre deux maisons fortifiées mais isolée et en terrain ennemis, elle dépose les armes à 16h30 et se rend aux occupants allemands.

Un échec donc.

Varengeville, seule victoire

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Je vous le dis tout de suite, c’est la seule mission qui va fonctionner comme prévu. C’est pas mal de le préciser, c’est bon pour le moral. C’est bon, bon. Près de 200 hommes débarquent et progressent rapidement dans les terres pouvant ainsi prendre à revers les canons qui protègent la côte. Ça se bat à coup de baïonnettes, les débarqués, principalement canadiens, réduisent à néant les canons allemands. Ils font des prisonniers qu’ils parviennent à embarquer sur leurs bateaux.

Incroyable.

Pourville, ou sont passés les bateaux ?

 

Alors que les hommes progressent dans les terres après avoir débarqué, ils parviennent à détruire une grande partie du matériel militaire des Allemands. Lorsqu’ils battent en retraite pour éviter l’attaque du 571è régiment d’infanterie allemand, les bateaux ont disparus, ils ont été coulés…

C’était presque bon.

Dieppe, foutu pour foutu…

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A Dieppe, l’assaut principal est lancé dès le lever du jour et c’est en mode agressif sur la terre avec les canons qui défoncent les fortifications allemandes, mais aussi dans les airs avec des combats entre l’aviation royale canadienne et la Luftwaffe. Trente chars ont été envoyés sur les côtes de Dieppe au petit matin, mais seulement 15 parviennent à entrer dans la ville. Bref, ça pétarade partout mais les Alliés parviennent à prendre le casino de la ville qui a été transformé en blockhaus. Certains parviennent même à atteindre le centre de la ville et l’église Saint-Remy. Mais les troupes qui avancent sont trop isolées et sont contraintes de battre en retraite. Alors que les hommes sont en grande difficulté, on décide de faire débarquer 600 hommes de plus. Ce qui ne fait ajouter que 600 cadavres ou prisonniers sur la liste… L’échec est total alors les ordres sont de rembarquer.

A 11h on évacue la ville. Pour protéger les hommes qui doivent traverser toute la plage à marée basse, les avions sont en place. Mais il n’y a personne pour protéger les avions, alors plus de cent appareils s’écrasent et les troupes sont tuées sur la plage. Seuls quelques hommes rejoignent les bateaux et d’autres sont faits prisonniers. Ces derniers entament alors une longue marche vers les camps des prisonniers. Parmi eux, 1600 hommes seront libérés

Le raid de Dieppe, c’était il y a 76 aujourd’hui, le 19 aout, et personne n’en parle. Sans doute parce que c’est pas très classe.

 

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3 thoughts on “Le raid de Dieppe, ou le débarquement raté de 1942

  1. Beaucoup trop de morts pour un résultat qui était couru d’avance, mais c’est ce débarquement test qui a permis aux alliés de déterminer ce qui leur manquait pour parvenir à monter une opération de ce type, viable, en Europe.

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