Le papyrus érotique [pornographique] de Turin

« Débris de peintures d’une obscénité monstrueuse et qui donnent une bien singulière idée de la gravité et de la sagesse égyptienne »

Oulala… voilà toute la pudeur et la censure du XIXème siècle à travers les mots de Jean-François Champollion. Célèbre égyptologue français. Quand je dis célèbre, je veux dire SUPER célèbre, il est un peu le big boss de l’Égypte, c’est lui qui est à l’origine de la traduction du hiéroglyphe et aussi de l’obélisque de Louxor à Paris. Mais de quoi peut-il bien parler ?

Le papyrus érotique de Turin

En 1824, un papyrus arrive à Turin, il aurait pu arriver à Paris, mais on l’a jugé trop cher alors c’est le roi du Piémont qui en a fait l’acquisition. Ce papyrus est très curieux, c’est d’ailleurs pour ça que je vous en parle, il mesure 2,59 mètres de long et 21,5 cm de large. J’ai un peu galéré à le reconstituer en assez bonne qualité, alors sivouplé, cliquez sur l’image pour le regarder en plus grand. Faites ça pour moi, j’veux dire, j’vous ai jamais laissé tomber. En plus vous ne serez pas déçus. Le papyrus étant en très mauvais état, j’ai utilisé des copies, parfois en couleurs, parfois non.

Le manuscrit date de l’époque ramesside. Soit il y a très longtemps (entre 1200 et 1070 avant notre ère).

 
La partie ici reconstituée ne compose pas l’intégralité du document, il y a d’autres fragments où les animaux prennent la place des humains. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la partie dite érotique, qu’on peut en fait qualifier de pornographique. Clairement, les bites sont bien visibles.

Selon Pascal Vernus, les différentes scènes se passent dans un lupanar. Les femmes sont donc des prostituées égyptiennes, elles portent les tenues (ceinture de perles et bijoux), les perruques longues et en bataille comme signe de volupté, mais aussi le maquillage qu’on leur connaît. Enfin, elles n’ont pas l’air farouche pour un sou et semblent agiles. Elles savent ce qu’elles font. Les hommes en revanche semblent être des étrangers. La couleur de peau, ainsi que la coiffure et la présence de bourses (de porte-monnaies j’veux dire !) laissent à penser que ce sont des hommes de passage en Égypte, visiblement à la recherche de bon temps. Et aussi, ils ont des bites énormes. Genre, ça n’existe pas dans la vraie vie ce genre de truc. Voici les scènes, certaines se passent aisément de commentaires, d’autres méritent quelques petites explications. Tu peux cliquer sur toutes les images pour les agrandir.

La deuxième femme semble être une chanteuse et joueuse de lyre et de sistre. Tout comme la déesse Hathor, déesse de l’amour, de la festivité et de la maternité.

Les cheveux (longs pour la femme, calvitie partielle pour l’homme) tout comme la barbe sont des signes de volupté. Aussi à gauche, la femme caresse le crane de son partenaire et à droite le mec, dans son élan attrape les cheveux de la meuf.

scène 3

 

A gauche, un homme est épuisé par ses performances, le sexe ballant, alors trois femmes le portent. A droite, un homme est tombé du lit. On ne sait pas si c’est à cause de ses prouesses ou des jarres de pinard présentes au pied du lit. Le doute subsiste. Peut-être les deux. Dans tous les cas, la femme cherche à le stimuler pour qu’il la rejoigne sur le lit.

Alors là… il s’en passe des choses. A gauche, rien de nouveau. Position acrobatique certes, mais tout se passe bien. A droite, le mec a l’air un peu surpris, ou effrayé d’ailleurs c’est la femme qui le guide. Et au milieu, la femme est assise sur une sorte de cône. Alors non, ce n’est pas tout à fait un plug, il s’agit en fait d’un truc dans lequel on fait brûler de l’encens et par lequel la fumée s’échappe. La femme se remaquille pendant que l’homme caresse sa cuisse.

scène 5

A gauche, une femme est à genoux sur un char, lui même tiré par des servantes. Un plus jeune garçon les suit avec un pot d’huile, il semble quelque peu troublé par les événements. En témoigne la taille de sa bite, évidemment.

L’artiste, à travers ce manuscrit, a sans doute souhaité critiquer la société. Les hommes n’existent qu’à travers leurs phallus énormes et les femmes, passives, participent néanmoins aux maux de la société. Bien loin de la religion et de la morale officielle, la société égyptienne parait corrompue, et c’est mal (bouuuh). 

Pour en savoir plus, regardez la conférence de Pascal Vernus, c’est assez cool ! Surtout à partir de la 23ème minutes, en ce qui nous concerne.

Pascal Vernus

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7 thoughts on “Le papyrus érotique [pornographique] de Turin

  1. Concernant la couleur de peau, c’est un code iconographique traditionnel dans l’art égyptien : les hommes ont la peau brune, parce qu’ils vont au soleil, alors que les femmes ont la peau claire.

    • Ou bien ce sont les femmes qui sont étrangères et les hommes qui sont égyptions? Plusieurs théories se côtoient aujourd’hui concernant les couleurs de peau 😉

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