Le stéthoscope et autres fièvres, l’histoire de la médecine

Le XIXème siècle, c’est un grand bond en avant dans l’histoire de la médecine. J’ai l’impression que c’est vraiment le moment où les mecs ont compris qu’ils avaient des gens vivants entre les mains, et que s’ils voulaient les garder vivants, fallait faire quelques efforts. Connaître l’anatomie, les saignées et les vomitifs, ça fait pas tout. Une femme qui vient d’accoucher ne doit pas jeûner. Non. Elle doit bouffer des trucs, comme n’importe qui qui veut être en bonne santé. Et pour pouvoir soigner un mec, il semble un peu logique de l’ausculter. Enfin, ça, c’est avec nos yeux de XXIèmistes. Du coup, le XIXème siècle, c’est plein de choses, c’est les inventions, les découvertes et les grandes avancées. Et ça, c’est cool. 

Laennec et l’invention du stéthoscope

René Laennec, c’est un mec cool et moderne. Moi je l’aime bien. Sa mère meurt de la tuberculose lorsqu’il est tout petit, du coup il est élevé par son père puis par son oncle, médecin. Il décide d’aller à l’école de médecine au début des années 1800, à Paris. Parmi ses profs, Corvisart. Il devient officiellement médecin en 1816, à l’hôpital Necker et s’intéresse aux maladies pulmonaires. Comme par hasard. Œdipe, est encore dans le coin. Pour mieux comprendre le corps, René Laennec s’en approche et l’écoute. Et puis il va inventer un truc révolutionnaire. Le stéthoscope. A la base, il s’agit d’une liasse de papiers roulés. Il le pose sur le thorax du patient, et pose son oreille de l’autre. Y’a deux avantages au stéthoscope plutôt que de poser directement l’oreille sur le torse du mec ou entre les nichons de la meuf. 1) la pudeur du patient 2) le son est meilleur, bien plus net.

Le mec a inventé l’auscultation et le stéthoscope. Bravo champion.

C’est assez fou ce qu’on peut faire avec stéthoscope, enfin, moi je trouve. Ça va peut être vous paraître évident, mais moi, pas trop. Quand je vais chez le médecin, il me fout son truc gelé sous le pull et il écoute mon cœur et mes poumons et puis c’est tout. Mais en fait, on peut faire plein d’autres choses avec. Genre, savoir si tu as un os cassé. Je vais pas trop m’étendre sur le sujet. Je suis phobique des os cassés. Vraiment. Je peux tomber dans les pommes si j’apprends qu’un de mes cousins à une fracture. Mais j’ai trouvé un document absolument génial sur gallica. Comment savoir si un membre est pété avec un stéthoscope, Laennec passe en revue beaucoup d’os entre les pieds et la tête. Par exemple, si tu penses avoir la mâchoire pétée mais que t’es pas vraiment sur, tu prends un stéthoscope, tu peux le poser sur ton front, ton crane, ou ton larynx et si tu entends des crépitements, pas de doute. TU AS LA MACHOIRE CASSEE. Plus tu poses le stéthoscope près, plus ça crépite fort. Par exemple, le stéthoscope évite le toucher rectal ou vaginal pour savoir si tu as le bassin pété.

Sinon, le stéthoscope ça sert aussi à savoir si on a des corps étrangers dans les articulations, ou une tympanite (pas l’inflammation du tympan, mais en gros, c’est avoir le ventre plein de gaz), tu tapes sur ton ventre, et si tu entends le bruit d’un tambour, bin, t’as une tympanite. On peut aussi savoir si tu as des calculs de la vessie, ou biliaire. Bref, tout est expliqué ici (lien).


Du papier roulé aux stéthoscopes différentiels

Au fil du temps, le stéthoscope va s’améliorer, en 1830, Pierre Piorry va mettre un adaptateur en ivoire du coté auriculaire. Puis finalement, on va faire un tube flexible. Et on va faire le système bi-auriculaire en 1851, tel qu’on le connaît. En suite en 1870, on a fait des trucs de ouf, enfin, des stéthoscopes différentiels pour écouter deux trucs en même temps.

Aujourd’hui, si tu veux voir le vrai premier stéthoscope, il te faut aller dans la salle d’exposition du dernier étage de la fac de Pharma de Nantes, il y a des objets et manuscrits de Laennec.

Les infections et leurs traitements

Les mecs ont mis vraiment beaucoup de temps à comprendre la fièvre et son traitement. Au XIXème, c’est une grande avancée. Notamment pour la fièvre puerpérale.

La tuberculose

Au début du XIXème siècle, la tuberculose se propage en Europe. C’est pas funky. La sale bête est responsable de la mort d’une personne sur quatre. C’est beaucoup. Avec le stéthoscope, ça devient facile à diagnostiquer, donc c’est cool. Le problème, c’est qu’on sait pas le soigner. Robert Koch découvre le bacille en 1882, mais il faut plus d’un demi siècle pour trouver un antibiotique. C’est pas gagné. Du coup, les médecins cherchent, sur les malades avec des auscultations, sur les cadavres avec des dissections. Doucement, on avance.

La fière puerpérale

La fièvre puerpérale n’existait quasiment pas tant que les femmes accouchaient à leur domicile. Mais avec l’arrivée des maternités, ça pue. 10% des femmes qui viennent d’accoucher déclenchent une grosse fièvre, elles sont barbouillées, le pouls diminue et bim. Elles sont mortes. Lorsqu’on ouvre les cadavres, c’est pas joli joli. Tout est pourri, tous les organes de l’abdomen. Dégueulasse.

La fièvre puerpérale, qu’est ce que c’est ? La fièvre puerpérale c’est un vagin abîmé, un utérus fatigué et un médecin aux mains sales. Rien de plus. C’est une complication de l’accouchement. Et quelle complication… Le médecin a passé sa matinée à ouvrir des cadavres, à être en contact avec des tuberculeux et/ou je ne sais qui d’autres lorsque soudain, il est appelé pour un accouchement. Bon bin, allez, au boulot, ni une ni deux, il s’y met. Assis devant un vagin béant, il assiste l’accouchement. C’est beau la naissance. Du sang, un mioche qui gueule, un périnée bousillé et un placenta à retirer. Pour gérer tout ça, le mec a ses deux mains et quelques instruments. Des mains et des instruments bourrés de microbes, ces derniers vont se poser dans le vagin, l’utérus, puis les intestins et le péritoine. Hop, le tour est joué. Il ne faudra que quelques jours pour tuer la jeune (ou moins jeune) mère. Il existe cependant un autre cas de fièvre, lorsque le placenta n’est pas sorti entièrement et qu’il pourrit bien au chaud dans l’utérus. Ensuite, l’infection se propage.

Dans certains hôpitaux, deux femmes sur trois contractent cette fièvre. Génial. Mais alors, que faire ?

Les solutions pour éviter la fièvre puerpérale : SE LAVER LES MAINS ET LES DESINFECTER quand on est médecin ! C’est ça qu’il faut. Tenir éloignés les malades des salles d’accouchements et de la maternité. Il faut aussi baigner les femmes, avant l’accouchement et la laver avec de l’eau et du vin aromatique ou de la teinture d’arnica après. Mais aussi changer leurs linges chaque jour, voire plusieurs fois par jour. Et aérer. Bref, c’est de l’hygienisme.

Ignaz Semmelweis a un nom très difficile à prononcer lorsqu’on est pas Autrichien, mais il a aussi un cerveau bien fait. Il incrimine les mauvaises conditions d’hygiène dans les hôpitaux et lieux de soins. Il fait remarquer que les médecins sont crados et l’absence regrettable de désinfection.

A Bruxelles, entre 1840 et 1860 le docteur Louis Seutin est un peu à cheval sur la propreté et l’hygiène, en particulier dans les maternités. Du coup, hop, il va reconstruire l’hôpital selon des plans qui séparent les femmes enceintes des blessés et des fiévreux. Grande classe monsieur Seutin.

En 1867, Joseph Lister est un vieux cinglé du ménage hospitalier, il utilise du phénol pour tout nettoyer et détruire les germes lors des opérations chirurgicales. En 1869, on découvre le germe de la fièvre puerpérale. Enfin « on », pas moi hein, mais Coze et Feltz des médecins de Strasbourg, c’est le streptocoque de groupe A. C’est ce qu’ils disent. Ensuite c’est Pasteur qui s’en occupe, et il affirme que la fièvre est due à un microbe, le fameux streptocoque. On sait donc qu’il faut tout désinfecter tout le temps. Et le nombre de décès chute considérablement ! YOUPITRALALA ! Aujourd’hui, il existe des antibio efficaces.

L’anesthésie et d’autres trucs super importants

A coté du stéthoscope et de la fièvre puerpérale, se développe aussi l’anesthésie en 1846 par le dentiste américain William Morton. En 1865, on invente la gastroscopie. C’est pour regarder dans le ventre. Comme une coloscopie, mais par la bouche. La légende veut qu’il ait eu l’idée de faire ça en regardant des avaleurs de sabre. En 1885, Pasteur invente le vaccin contre la rage et sauve le petit Joseph Meister. Le tensiomètre et électrocardiogramme font aussi leur apparition, et la radiographie et d’autres trucs vraiment cool pour vivre plus longtemps. Et c’est plutôt bien.

______________________________________________________________________

Tu aimes Raconte-moi l’Histoire ? Découvre des anecdotes inédites sur du vrai papier !

Tome 1      –      Tome 2

Share Button

3 thoughts on “Le stéthoscope et autres fièvres, l’histoire de la médecine

  1. Pingback: La fistule anale de Louis XIV ou l'histoire d'une opération | Raconte-moi l'Histoire

  2. Pingback: Césarienne, l'histoire d'une opération | Raconte-moi l'Histoire

Comments are closed.