Un rhinocéros à Versailles, et autres délires animaliers du Roi

Louis XV, il est à peu près tout l’opposé de son grand-père Louis XIV. C’est vrai, il veut vivre un peu plus tranquillement, genre pas de bain de foule youpitralala chaque semaine, il a déplacé son bureau pour pouvoir voir sans être vu et ce qu’il préfère à la présence humaine, c’est la chasse, et les animaux. Enfin, il y a les animaux qu’il chasse, et les animaux qu’il aime vraiment. Genre sa ménagerie, ses chiens et son rhinocéros.

Oui oui, tu as bien lu, Louis XV a un rhinocéros. Le vieux délire pourave « de roi.

Le rhinocéros, l’exotisme à Versailles

En 1769, Louis XV décide d’avoir un rhinocéros. Bon, ses potes on du lui dire de se calmer que les chiens c’est bien aussi. Mais que nenni, il veut un rhinocéros et il passe commande auprès de l’ambassadeur du royaume de France à Pondichéry (en Inde). L’animal est capturé dans la foulée dans la région d’Assam dans la partie nord du Bengale en octobre de la même année. C’est parti pour huis mois de voyage à bord du Duc de Praslin, qui va faire une petite escale sur l’ile de la Réunion. Le rhino est super agité, cependant, fait remarquable (ou pas, j’y connais rien en rhinocéros) il est très doux et agréable avec une chèvre. C’est à Lorient que le Duc de Praslin arrive sur le royaume de France le 4 juin. Voilà, maintenant qu’on a une bête de 2 m 50 de long sur le territoire, c’est pas easy easy pour le faire venir à Versailles. Mais finalement, on y arrive le 11 septembre 1770. Ça a coûté, 5388 livres, 10 sous et 10 deniers. Une bagatelle pour le Roi. Malheureusement, si le rhino aime les chèvres, il n’est pas très très copain avec les humains, voire un peu brutal. En fait, il va tuer deux mecs. Voilà, c’est dit.

Le rhino va mourir en 1793, il va être naturalisé et il est encore aujourd’hui visible au Muséum d’histoire naturelle de Paris.

  • Point exotisme : Charles X a été le premier à faire venir une girafe, Zarafa, au XIXème siècle.

Les chiens, pas qu’en peintures, en meute !

Louis XV aime les chiens, vraiment. Pour lui ce sont d’excellents compagnons, aussi, il en prend grand soin. Il prend garde à la santé de ses chiens et organise ses parties de chasse selon leur forme. Il a même ses préférés parmi la meute, Gredinet, Mascarade, Noblese, ou encore Polydore, des épagneuls et lévriers. Ces derniers, ainsi que quelques bêtes en plus, ne sont pas enfermés dans la ménagerie ou aux chenils de la ville, non, ils sont logés dans l’antichambre du roi. Bin ouais, il fait trop froid pour les faire dormir ailleurs (pendant ce temps, les employés sont logés dans des taudis sous les combles), en plus de jolies petites niches sont à leur disposition. La vie de iench…

La vie de Loulou est tellement articulée autour de ses chiens que même pour les nourrir, il faut appliquer l’Étiquette. C’est pas n’importe qui dans n’importe quel ordre qui peut nourrir les chiens.

Le Roi veut nourrir ses animaux, aussi après son repas du soir, il va directement dans le cabinet des chiens, suivi par le Premier maître d’hôtel. Ce dernier donne au Roi deux cornets de gimblettes (ce sont des sortes de croquettes) et Sa Majesté les distribue aux iench. Si le Grand maître est disponible, c’est lui qui donne la bouffe au Roi pour qu’il la donne aux chiens. En revanche, si le Premier maître d’hôtel et le Grand maître ne sont pas disponibles, alors, c’est le Premier gentilhomme de la Chambre ou le Grand chambellan qui doit faire le geste. Bref, moi l’étiquette ça me gonfle déjà avec les humains, alors pour les animaux, je trouve ça vraiment trop ridicule. Le principal c’est que tout le monde soit bien nourri, non ?

Enfin, Loulou, dans sa passion pour les chiens a fait peindre des dizaines de tableaux les représentant, courant, mangeant, dormant… Ici, Mignonne, Sylvie, misse et Turlu.

Tu connais la blague du chat qui danse ?

Outre-le rhino et les chiens, Louis XV adore son chat angora. On peut l’imaginer au coin du feu, l’animal posé sur les genoux. Un peu comme ma copine Johanna les soirs d’hiver, devant Plus Belle La Vie. Finalement, les Rois sont parfois semblables à la populace.

Un soir, dans le cabinet du Conseil, le Roi reçoit des amis. Le chat lui est trankil sur son petit coussin. Enfin trankil, jusqu’au moment où les gentilshommes décident de s’amuser un peu avec le chat. Aussi, ils lui jettent de l’eau de mille fleurs sur les pattes. L’animal s’affole, ça sent fort et ça lui brûle les coussinets, il court partout, et on dirait qu’il danse. Les tocards sont vautrés de rire, en revanche, Loulou, lui, il fait la gueule et il vire tout le monde de son cabinet. Non, mais oh.

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3 thoughts on “Un rhinocéros à Versailles, et autres délires animaliers du Roi

  1. J’adore le ton de narration, très éloigné de ce qu’on lit dans le domaine.
    Charlemagne avait un éléphant albinos, Abul-Abbas, à Aix-la-Chapelle. Il est mort de froid.

  2. Faut dire que Loulou, il avait vu Clara la rhinocéros indienne (ce prénom <3), lors de sa tournée mondiale des années 1750 … Mieux qu'un catalogue de jouets par correspondance !
    JB Oudry, le peintre des animaux du roi, a dû bien se marrer parfois ; tu connais la collection des "Portraits d'animaux" presque tous conservés au château de Schwerin ? Vive le Casoar en majesté !
    Et j'adooooore la dernière illustration avec le selfie-minou !

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