Mettre les morts en vitrine, l’étrange idée de la morgue de Paris

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Les morgués, cadavres sans identité

Au XVIè siècle, les cadavres retrouvés et non identifiés étaient déposés à l’entrée des prisons pour que toutes personnes passant devant puissent éventuellement reconnaître le visage d’une dépouille et ainsi l’identifier de manière officielle. En effet, lorsqu’on retrouve un cadavre, peu importe son identité, on le morgue. C’est à dire que les guichetiers de prisons l’examinent pour tenter de comprendre comment et pourquoi il est mort. C’est une sorte d’autopsie, mais sans ADN ni carte d’identité, de nombreuses dépouilles ne sont jamais identifiées pourtant, elles sont laissées à la vue de la population jusqu’à ce qu’elles pourrissent. En général, c’est le moment où on les enlève des vitrines, qu’on appelle par soucis de facilité des morgues. Faut pas déconner quand ça pue même le guichetier de la prison tourne de l’œil. On retrouve notamment une morgue dans la prison du Châtelet à Paris. Les morts sont déposés dans une basse-geole et les parisiens peuvent venir jeter un œil, à la recherche d’un proche disparu ou juste par curiosité. Avouons-le, entre un pendu, un noyé et un enfant étranglé, ça fait du spectacle. Cette tradition reste en vigueur à Paris jusqu’au début du XIXè siècle.

1804, création de la première morgue parisienne

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C’est Haussmann qui décide de construire un établissement destiné uniquement à recevoir des cadavres pour les exposer dans l’espoir de les identifier. C’est sur l’Île de la Cité, proche du quai du marché neuf que l’on établie la première morgue. On y trouve de manière générale des noyés trouvés dans la Seine, des suicidés, des victimes de crimes mais aussi des enfants. Tous les objets personnels sont accrochés à proximité pour aider l’identification des macchabées. Y’a pas à dire, c’est bien pensé. Les parisiens affluent dans le nouveau bâtiment, plus par curiosité que dans l’idée de résoudre une affaire judiciaire… Continuer la lecture

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Vin, gnôle… quand l’alcool des tranchées donne du courage

En 1913, les vendanges ont été bonnes, excellentes même ! Le vin coule à flot, à tel point que les vignerons du midi ne peuvent écouler tout leur stock. Aussi, lorsque la guerre éclate en août 1914, ils sont nombreux à se retrouver près des gares pour offrir une rasade aux soldats partants sur le front. On pense à cette époque que l’alcool a des capacités revigorantes et fortifiantes et qu’il est bien nécessaire pour les soldats d’en consommer. La réalité est bien différente, dans cet article je vous propose de découvrir le lien étroit entre l’alcool, les Poilus et la guerre des tranchées.

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Le vin dans le rationnement alimentaire du Poilu

Si les hommes n’ont pas attendu la Première Guerre mondiale pour consommer de l’alcool, c’est bien à cette époque-là que le vin fait son apparition dans les rations alimentaires du soldat. Au début de la guerre, les rations sont équilibrées et assez nourrissantes, idéalement elles se composent par jour et par soldat :700 grammes de pain de guerre, 600 grammes de viande (ça va vite disparaître), 60 grammes de légumes secs, de riz ou de pommes de terre. A cela on ajoute 30 grammes de lard ou de saindoux et un potage salé qu’on peut agrémenter de 20 grammes de sel. Pour le dessert ? 30 de sucre et 25 grammes de café torréfié. Enfin, en 1914, les soldats ont droit à 25 cl de vin ou 100 cl de bière/cidre plus 6cl d’eau de vie (qu’on appelle la gnôle) et d’un peu de tabac. En plus des 25 cl de vin gratuit de la ration alimentaire, les soldats ont régulièrement 25 cl qui sont payés par les fonds des compagnies. En 1916, la ration gratuite passe de 25 cl à 50 cl. Soit avec la ration des compagnies, 75 cl de vin par personne et par jour. Cela fait une bouteille. Pour assurer les rations, en 1916, l’intégralité de la production d’eau-de-vie est réquisitionnée par l’armée.

Le vin n’a qu’une seule consigne à respecter, il doit faire 9°. Pour cela on assemble souvent les vins costauds du Languedoc avec des vins plus légers du Beaujolais et Charentes. Qu’on se le dise, la plupart du temps il est dégueulasse. C’est de la piquette. Du pinard.

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En 1918, la ration quotidienne de vin par Poilu atteint le litre. Ça commence à faire, d’autant que la viande et les céréales ont quasiment disparu des assiettes et que les soldats se nourrissent principalement de potage, faute de ravitaillement mais aussi de main d’œuvre sur les terres. Les femmes qui étaient déjà dans les champs avant la guerre, avec leur mari, ne peuvent pas faire le travail de deux personnes. En ce qui concerne le vin, plus d’un tiers de la production nationale est récupéré pour les soldats, on estime entre 45 et 60 millions d’hectolitres la quantité de vin bue par les soldats durant les quatre années de guerre. Continuer la lecture

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Les fontaines du Roi, ou Louis XIV et ses problèmes de dents

L’espérance de vie au XVIIe siècle est assez basse, du fait de la grande mortalité infantile, elle est estimée à 25 ans pour un homme. Waouh. On peut dire que Louis XIV s’en sort plutôt bien puisqu’il est décédé 4 jours avant de souffler sa 77e bougie. Évidemment, le rythme de vie du Roi Soleil est loin d’être le même qu’un gentilhomme ou qu’un paysan et il avait de nombreux médecins à ses côtés, pas toujours efficaces les mecs mais tout de même, pour soigner son petit rhume, sa vérole ou encore des chirurgiens pour sa fistule anale. Louis XIV est également accompagné d’un « opérateur des dents de la Cour », une sorte de dentiste, chargé d’arracher les dents sur demande du médecin ou du chirurgien. Et il en a bien besoin, dans la bouche du roi, c’est l’horreur.

Les premières dents du roi Soleil

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Dès sa plus tendre enfance, Louis XIV se fait connaître pour ses dents. En effet, Hugo Grotius écrit en 1638 à Oxenstiem qu’Anne d’Autriche a donné naissance au Dauphin et que celui-ci est né avec deux incisives et qu’il mutile les tétons de sa nourrice, Pierrette Dufour, tant il a l’appétit vorace. Il a beau être l’héritier du trône, ça fait mal. De fait, le futur Louis XIV a de nombreuses nourrisses qui effectuent un roulement afin de laisser les plaies se refermer.Malgré tout, on considère toujours les enfants qui naissent avec des dents non comme des créatures sanguinaires, mais on contraire, on les associe au bonheur et à la fortune. On ne peut pas dire que ça n’a pas été le cas. Pourtant, les dents du roi Soleil vont lui poser de nombreux problèmes depuis l’âge de 39 ans jusqu’à ses derniers jours.

Les problèmes dentaires de Louis XIV

On le sait, Loulou n’avait pas une hygiène irréprochable, il change bien de chemise chaque matin mais il n’aime pas l’eau ni sur sa peau, ni dans sa bouche. Si le dentifrice est largement répandu au Moyen Age, à Versailles on n’en veut pas. Pareil pour le bain de bouche, le strict minimum pour les dents royales. Est-ce que le roi puait du bec ? Oui, mais contre ça, il mâche des pastilles de cannelle. C’est antioxydant, certes mais ça ne protège pas les dents des repas gargantuesques du roi. En 1676, alors qu’il part en campagne dans les Flandres, le roi se plaint de douleur des dents et rapidement, on lui glisse des clous de girofle dans la bouche pour calmer les tiraillements, parfois du thym également. Ça peut paraître idiot, pourtant, le girofle et le thym sont des antiseptiques et anti-inflammatoires naturels largement utilisés et plutôt efficaces. Mais compte tenu de l’état des dents, il faut agir plus efficacement. Deux ans après ses premières douleurs, le roi se plaint de sa joue droite qui est gonflée et de sa gencive douloureuse. On lui colle alors un cataplasme qui reste sans effet. Le chirurgien décide alors d’inciser à l’aide d’une lancette l’abcès royal. Le pus s’échappe et la douleur disparaît mais quelque temps après, c’est à gauche que le monarque a des infections, aussi, en 1682 le dentiste lui arrache plusieurs dents sur la mâchoire supérieure gauche et là, c’est vraiment le début des emmerdes dentaires pour Loulou. Continuer la lecture

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La Goulue, célèbre danseuse du Moulin-Rouge

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Louise Weber, dite La Goulue, est une figure emblématique de Paris, du Moulin-Rouge et du French Cancan. Elle a su s’imposer dans le milieu mondain et côtoyer les plus grandes personnalités de son temps avant de tomber en disgrâce. Découvrez l’histoire de cette danseuse, de cette muse, de cette icône du Paris de la Belle Epoque.

 L’enfance de Louise Weber

Louise Weber est née le 13 juillet 1866 à Clichy d’un père charpentier, Dagobert Weber, et d’une mère absente. Oui, Louise Weber ne va vivre avec sa mère que trois petites années, ensuite

 

, celle-ci fuit le domicile familial et fonde une nouvelle famille. Louise Weber, dite la Goulue, ne verra plus jamais sa mère, Madeleine Courtade. Louise, son frère, sa sœur et leur père vivent à Clichy mais lorsque la guerre éclate en 1870, Dagobert part sur le front et lorsqu’il revient, mutilé des deux jambes, il est contraint d’abandonner ses enfants dans des communautés religieuses. Il décède quelques mois après. Rapidement, un oncle décide de recueillir Louise Weber chez lui, elle part alors vivre à Saint-Ouen en avril 1874, elle est bien élevée, mange à sa faim et elle est heureuse. A l’âge de 16 ans, Louise rencontre Edmond, c’est le grand amour, ils décident de vivre ensemble à Montreuil. Celui-ci lui fait découvrir le Moulin de la Galette à Montmartre et c’est une révélation pour elle. Des bals à n’en plus finir, tout le monde danse, tout le monde s’amuse, il ne lui en faut pas plus pour quitter Edmond et s’installer avec son nouveau compagnon, Charlot. Au même moment, elle devient blanchisseuse pour être indépendante.

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La fête bat son plein au Moulin de la Galette, les meilleurs orchestres y trouvent leur place, mais aussi les danseurs et danseuses les plus performants. Louise Weber aime ce milieu, cette ambiance, et elle va tout faire pour pouvoir l’intégrer.

 La courte vie de cocotte, ou demi-mondaine

La vie de blanchisseuse paie les frasques de Louise Weber et sa vie nocturne, elle parcourt les bals pour danser et un jour, elle est remarquée par Charles Desteuque. C’est un journaliste pour la revue Gil Blas, il n’hésite pas à répertorier les demi-mondaines pour les présenter à ses riches amis. Ce sera le cas pour notre danseuse. Louise Weber devient une cocotte. Une cocotte ce n’est pas une prostituée. Pas officiellement. Continuer la lecture

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