Victorine Meurent, la muse d’Édouard Manet

Aujourd’hui je prends quelques lignes pour vous parler de Victorine Meurent, elle a été modèle pour une dizaine de tableaux devenus célèbres de Manet mais aussi quelques uns pour Edgar Degas. Découvrez sa vie de femme, d’artiste libre et lesbienne.

victorine meurent

Qui est Victorine Meurent ?

Victorine est née le 18 février 1844 dans une famille d’artisans. A l’âge de 16 ans, alors qu’elle aspire à la liberté et à l’indépendance, elle s’inscrit dans un atelier-école pour devenir modèle. Cet atelier est celui de Thomas Couture. Le peintre réputé se spécialise en scène d’histoire mais ça ne fait pas sa richesse, il décide alors d’enseigner la peinture à des apprentis dans son atelier. Il accueille notamment Pierre Puvis de Chavannes, Charles Caryl Coleman, Fritz Zuber-Bühler et Edouard Manet pendant plus de six ans malgré des conflits. Les deux ne s’entendent pas mais ils s’apportent beaucoup artistiquement parlant. En réalité, il semblerait que Victorine Meurent et Manet ne se soient pas rencontrés chez Thomas Couture mais plutôt chez Alfred Stevens, un autre ancien apprenti de l’atelier Couture.

Victorine Meurent, les débuts dans le milieu artistique

C’est donc dans l’atelier de Stevens qu’Édouard Manet a peint pour la première fois les traits de Victorine Meurent. On la retrouve en tant que chanteuse mangeant des cerises, en tant que mademoiselle V. où elle porte un costume espagnol. Elle pose également pour Stevens, notamment pour le tableau du Sphinx parisien en 1867 et sa deuxième version en 1870, mais aussi pour Edgar Degas. De son coté, Manet n’avait pas un modèle exclusif, non, même s’il aimait sa modèle rousse, il a peint de nombreuses autres femmes ; Suzanne Leenhoff (qui devient son épouse en 1863), Fanny Claus, Ellen Andrée, Henriette Hauser,la comtesse Albazzi ou encore madame Michel-Lévy lors de ses derniers coups de pinceaux.

victorine meurent et manet

Les représentations les plus célèbres de Victorine Meurent par Édouard Manet sont celles où elle pose nue, d’abord le Déjeuner sur l’herbe en 1863, puis Olympia, la même année. On raconte à l’époque qu’elle est loin d’avoir un physique parfait, suite à ces tableaux, elle obtient le surnom de « crevette » du fait de sa minceur (qui n’est pas super à la mode à cette époque-là!). Elle pose nue, elle affronte le public et le défie même du regard.

Après 1873 et le tableau « le chemin de fer », soit onze ans après le premier portrait où elle représentait une chanteuse de rue mangeant des cerises, Édouard Manet ne fait plus appel à elle. Victorine Meurent n’apparaît plus sur aucun tableau alors les rumeurs vont bon train. On la dit morte, droguée, alcoolique et même prostituée. En réalité, elle est partie vivre quelques années aux États-Unis avec l’objectif de se perfectionner. Victorine Meurent veut être peintre, elle a intégré un atelier et a pris des cours de peinture.

Victorine Meurent, de l’autre coté du pinceau

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En 1876, Victorine Meurent rentre des États-Unis et elle commence à peindre en France. Elle continue de prendre des cours à l’académie de Julian. Elle y rencontre le peintre Étienne Leroy qui devient un ami. On ne connaît pas grand chose de la vie privée de Victorine Meurent mais elle n’a jamais été mariée et on lui a connu plusieurs relations lesbiennes. Certains prétendent qu’elle a eu une relation amoureuse avec Manet et d’autres grands artistes.

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Ses toiles commencent à être repérées et on propose à l’ancien modèle d’exposer ses œuvres au Salon de Paris en 1876. L’année même où Manet est refusé au salon. Un comble. Faut dire que cette même année, il se fait amputer de la jambe à cause de la gangrène alors c’est un peu compliqué pour le peintre…

Victorine participe en tout à six Salons (jusqu’en 1904) et il lui arrive encore quelques fois de poser mais plus pour Manet, seulement pour Norbert Goeneutte. Depuis 1903, son travail est reconnu et elle a intégré le Société des artistes français. Grande classe ! Elle se plaît à vivre une vie d’artiste, on la voit dans les théâtres, entourée d’artistes. En 1907, le tableau « Olympia » de Manet rentre au musée du jeu de paume et le Déjeuner sur l’herbe au musée des arts décoratifs. C’est la grande grande classe pour la septuagénaire. La même année Victorine décide de prendre un peu de repos, elle s’installe à Colombes avec sa compagne Marie Dufour.

victorine meurent

Malheureusement, la plupart des toiles de Victorine Meurent ont aujourd’hui disparu, il ne nous reste que « Le jour des Rameaux » et « Le briquet ». Les tableaux sont conservés au musée municipal d’art et d’histoire de Colombe.

Si cet article t’as appris quelque chose, n’hésite pas à soutenir le blog ou à acheter les livres de Raconte-moi l’HistoirePour en savoir plus sur Victorine Meurent, y’a Gallica et ce livre mais attention, ce livre n’est pas une biographie mais un roman, il reprend certains faits de la vie de Victorine Meurent mais de nombreuses choses relèvent de la fiction, ceci étant dit, il est pas mal foutu et mérite le coup d’œil. 

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4 thoughts on “Victorine Meurent, la muse d’Édouard Manet

  1. merci pour cet article. je connaissais Victorine et suis toujours triste que seuls les hommes de cet époque aient pu aspirer à la gloire et à la postérité. C’est fou que cette femme ait pu accéder aux plus grands honneurs grâce à la qualité de ses oeuvres ( les rameaux est très touchant) mais qu’elle soit absente de l’histoire et des musées. Ce n’est pas pour rien qu’elle s’est expatriée pour apprendre.
    Mais ou sont passé ses tableaux? qui les a acheté pour mieux les faire disparaitre? Et pourquoi? Est-ce une question homme/femme ( seuls les hommes peuvent accéder à la gloire) ou maitre/muse (un modèle se saurait égaler le peintre) ?
    Berthe Morisot y est arrivée mais elle était du même rang social…et elle est rentrée dans le sérail en épousant le frère de l’un d’entre eux.
    Pas Victorine, qui a gardé sa liberté (y compris sexuelle) .
    Bravo mais c’est cher payé.

  2. Bonjour ! J’effectue quelques recherches sur Victorine Meurent récemment, et je ne connaissais pas cette source « La vie parisienne » que vous avez mise en lien (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k215491q/f212.item), j’ai eu beau la feuilleter un peu, je n’ai pas trouvé d’évocation de V. Meurent, pourriez-vous m’indiquer les pages concernée ? Merci pour cette éventuelle précision, et très bel article !

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