Elisabeth Báthory, le procès sanglant

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La vie d’Elisabeth Báthory

Élisabeth Báthory est née le 7 août 1560. Elle grandit au château d’Ecsed où elle passe une enfance douce de petite bourgeoise avec sa famille ; son oncle paternel est gouverneur de Transylvanie alors que son oncle maternel, lui, deviendra roi de Pologne. Je vous l’ai dit. Bonne famille. Évidemment, la meuf, elle ne va pas se marier avec un pécore du coin, non, elle est promise à Ferenc Nadasdy. Aussi, comme le veut la coutume, dès l’âge de 11 ans, Élisabeth va vivre chez ses beaux-parents, au château de Sarvar., et c’est pas la grosse rigolade, elle est souvent prise de crises cheloues, genre hystérie ou épilepsie. Il lui arrive de ne parler à personne durant plusieurs jours.

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On raconte qu’à l’âge de 15 ans, pas encore mariée, elle s’est acoquinée avec un paysan qui l’a foutue enceinte. L’enfant, une fille, serait morte à la naissance.

Après avoir étouffé l’affaire (et l’enfant ?), Elisabeth Báthory épouse Ferenc Nadasdy, comme convenu. En cadeau de mariage, elle reçoit le château de Cachtice. C’est l’ancien château de l’empereur Rodolphe II du Saint Empire. Tout roule pour le couple, Elisabeth gère la baraque lorsque Nadasdy est sur le terrain, il commande les troupes hongroises dans leur guerre contre les Turcs. Il est pas souvent la maison d’ailleurs, alors le mariage est difficilement fécond. Pas d’enfant en dix ans de mariage. Mais finalement, à partir de 1585, deux petites filles naissent : Anna et Orsolya. Et un garçon, Andrei. Seule Anna survit. Puis deux autres enfants : Katarina et Pal.

Élisabeth aime la culture et les belles choses, elle parle six langues et elle est réputée pour aider les personnes dans le besoin, mais à partir de 1604, tout va basculer… Le mec d’Elisabeth Báthory décède à l’âge de 47 ans. Différentes rumeurs se propagent : la première, pas drôle, il meurt d’une blessure de guerre. La deuxième, stratégique, il a été assassiné par Basta, un mec qui terrorise la Transylvanie. Enfin, la dernière : il a été tué par une prostituée après un coït. Les sources ne s’accordent pas. On n’en sait rien.

Les accusations et le procès d’Élisabeth Báthory

 

La mort de son mari n’est que le début des emmerdes pour Elisabeth Báthory car depuis deux ans déjà, un mec cherche à la faire enfermer. Ce mec c’est un pasteur, Istvan Magyari. Il est allé se plaindre à la cour de Vienne car il entend des choses très moches sur Elisabeth Báthory. Ce n’est qu’en 1610 que ça tourne vraiment au vinaigre. L’empereur Matthias Ier du Saint Empire se charge du problème et envoie du monde sur l’enquête. Ils cherchent des preuves, des témoignages. Mais à quel propos ?

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On raconte que la douce Elisabeth Báthory faisait de fausses promesses d’emploi à des jeunes filles, fraîches et belles. L’idée c’était qu’elles deviennent servantes au château, mais en réalité, Elisabeth les assassinait. En un an d’enquête, on retrouve plus de 300 témoignages, plutôt concordants.

Lynchage, brûlures, mutilations en tous genres sur les mains, le visage et les parties génitales. Mais aussi des morsures, une longue exposition dans l’eau froide, des trous dans le cou, les pieds liés par des cordes plusieurs jours et puis la faim. C’est moche quand même.

Évidemment, Elisabeth a des complices, ses employés, dont sa nourrice qui racole les jeunes filles et lui aurait appris des rites occultes.3bain

Concrètement, on ne sait pas exactement combien de jeunes filles ont été assassinées. L’enquête prouve 37 corps. Certains accusés affirment entre 50 et 100. Le personnel du château fait monter les estimations jusqu’à 200. Il existerait (soi-disant) un carnet dans lequel Elisabeth Báthory aurait recensé plus de 650 noms. Mais on l’a jamais vu ce carnet. Autre chose, les infos ont toutes (ou presque) été recueillies sous la torture. Concrètement, moi, tu me fous des aiguilles sous les ongles et je raconte tout ce que tu as envie d’entendre et même plus !

Le 29 septembre 1610, Elisabeth Báthory est arrêtée avec quatre complices. Elle est finalement assignée à résidence, alors que ses petites mains sont envoyées directement en prison avant le procès. Le 7 janvier 1611, c’est le grand jour.

Deux des complices sont reconnues coupables et sont exécutées. Deux autres, des servantes, ont les doigts coupés puis sont brûlées vives. Une autre est décapitée puis jetée au bûcher. Et une dernière est emprisonnée à vie. De son coté, Élisabeth ne fout même pas les pieds au procès. La sentence a été négociée il y a déjà quelques mois : assignée à résidence toute sa vie, dans une seule pièce du château. Enfin, théoriquement. Elle décède en 1614.

La légende sanglante d’Elisabeth Báthory

Déjà les faits sont assez moches, mais en plus des légendes sont venues se greffer à l’histoire, manière de rendre le tout horrible. On raconte qu’Élisabeth Báthory prenait des bains dans le sang de ses victimes afin de préserver la jeunesse de sa peau. C’est manifestement faux, ça n’a jamais été évoqué au procès et il n’y a aucune preuve et aucun témoin. Mais c’est cette histoire qui a rendu Élisabeth si célèbre… A tel point que différentes générations ont repris son histoire pour en faire une vraie croyance populaire. Élisabeth Báthory est devenue la « comtesse Dracula » ou encore « la comtesse sanglante ».

Et si c’était faux ?

Dans les années 1980, deux théories s’affrontent. D’abord, il y a celle de l’historien hongrois Laszlo Nagy qui explique que Báthory n’est qu’une victime de conspiration. Elisabeth Báthory n’aurait jamais tué qui que ce soit mais serait tombée dans un piège visant à l’éliminer elle et sa famille de la sphère politique.

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« Il est possible que les horrifiques chefs d’accusations aient été inventés par certains membres de la famille pour soustraire Erzsébet à l’accusation suprême de haute trahison, car elle voulait contribuer avec ses gens d’armes et avec sa fortune personnelle à la lutte de son cousin Gabriel Báthory, prince de Transylvanie, contre les Habsbourg. Pour dissimuler l’action politique de la comtesse et pour éviter ainsi que la famille ne fût compromise, son mari a préféré qu’elle fût accusée de crimes de droit commun. » 

Certains réfutent cette théorie, c’est le cas de Gyorgy Pollak. Et nous, finalement, on n’en sait trop rien. Un avis ?

Komodo Super Varan a illustré l’article alors on va voir ses blogs d’illustrations Kamasutra for Robots et Komodopix bien coolos, ou même sa chaine YT ! Et pour en savoir plus sur la Bathory, je vous conseille ce livre.

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12 thoughts on “Elisabeth Báthory, le procès sanglant

  1. Bonjour, si l’histoire était enseignée de cette manière à l’école, les cancres seraient rares … merci 🙂

  2. chouette article, comme d’habitude …

    mais heu …  » les infos ont toutes (ou presque) étaient recueillies sous la torture » … ????? (été, ce serait mieux, non ?)

    aller, des bises quand même !

  3. Je redécouvre l’Histoire ! Je l’avais découverte grâce au film de et avec Julie Delpy « La Comtesse » (film que je conseille, même si apparemment cette femme n’était pas si diabolique que cela…). Encore bravo et merci pour ce blog que je suis depuis des années avec toujours autant de passion 🙂

  4. Je pense que c’est la face cachée de la bonne société .
    Que savons nous de ce qui se passe derrière les murs épais .
    Pourtant de beaux masques ,de belles lois, une bonne morale ,nous font croire le contraire .
    Pour une fois que la vérité,n’est pas cachée 😉

  5. Merci !!! Enfin un article qui précise que cette histoire pourrait être fausse. Je ne trouverais pas ça étonnant qu’à l’époque certains hommes ait eu l’envie d’éliminer Elizabeth parce que femme au pouvoir, intelligente, belle et cultivée.. D’autant plus si les témoignages ont été recueillis par la torture, comme tu le dis il n’est pas bien difficile de céder.
    J’adorais cette histoire quand j’étais plus jeune et je l’aime toujours autant mais c’est fou comme le déclic féministe et comprendre ce que c’est d’être une femme peut nous faire revoir toutes les histoires concernant les femmes du passé sous un autre jour..

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