Charles II d’Espagne, le roi victime de consanguinité

charles II

Dans l’article du jour, je vous parle du roi Charles II d’Espagne. Pauvre homme. Le mec n’a pas eu une vie facile, ni un physique facile… Et pour cause il est issu de plusieurs mariages consanguins. Au XVIIe siècle, dans les grandes familles princières, il est coutume de se marier avec un proche cousin, ça permet de garder le patrimoine dans la famille et ça resserre les liens… Forcément ! En revanche, les conséquences sont terribles pour le pauvre Charles II d’Espagne. C’est jouer avec le feu que de jouer avec la génétique.

Charles II, les mariages consanguins

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Charles II d’Espagne est né en 1661 à Madrid, son père Philippe IV a épousé sa propre nièce Marie-Anne d’Autriche et les deux sont des descendants de Philippe le Beau et Jeanne la Folle. C’est à dire qu’on trouve 14 liens de parenté entre les parents de Charles II, ce qui lui offre un coquet taux de consanguinité s’élevant à 0,254. C’est rarissime. Philippe IV et Marie-Anne d’Autriche ont 29 ans d’écart, aussi, à la naissance de Charles II, le Philou a déjà 56 ans. Lorsqu’il décède quelques années après, Charles devient roi d’Espagne à l’âge de quatre ans. Pour le commun des mortels c’est déjà très jeune, mais pour le pauvre Charles c’est d’autant plus compliqué qu’il est rachitique, malade et débile. Sa mère s’occupe de la régence jusqu’en 1675 mais garde un œil sur le pouvoir jusqu’à sa mort en 1695. En 1667, l’Espagne est déjà en plein conflit d’indépendance du Portugal lorsque la guerre de Dévolution éclate avec la France. En gros, toutes les têtes couronnées s’accordent à dire que Charles II va mourir durant son enfance, sans héritier, et tout le monde lui cherche un remplaçant dans ses rangs. Notamment Louis XIV car sa femme Marie-Thérèse est la grande sœur de Charles II.

Ne pouvant être sur tous les fronts, l’Espagne décide de signer le traité de Lisbonne qui accorde l’indépendance du Portugal en février 1668 pour se concentrer sur le pouvoir. Mais en fait, malgré les espérances de tous, Charles II ne meurt pas. Alors à partir de 1675, le frère illégitime (bâtard de Philippe IV) Juan José d’Autriche prend le relais pour la régence et enfin Marie-Louise d’Autriche (épouse de Charles II) et ses ministres se chargent de gouverner le pays car le roi même adulte en est tout simplement incapable. Faut dire qu’il n’est vraiment pas aidé…

Charles II d’Espagne, l’enfant roi malade

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Le petit Charles, alors qu’il accède au trône à l’âge de quatre ans, il est tout maigre, très faible avec disons-le des capacités intellectuelles et physiques très limitées. Il ne sait toujours pas parler et il ne parvient à marcher qu’à l’âge de huit ans et commence à déchiffrer quelques mots à l’âge de 10 ans (il ne saura jamais écrire). Comme si ce n’était pas suffisamment compliqué, il faut ajouter qu’il jongle entre le français et l’espagnol, les deux langues parlées à la cour d’Espagne. Alors, il est mignon avec ses cheveux blonds et longs et ses grands yeux, on le décrit comme aimable et gentil mais il ne comprend rien à ce qu’il se passe autour de lui. Les scientifiques d’aujourd’hui ayant diagnostiqué le problème : le syndrome de Klinefelter sont en mesure d’affirmer que Charles II n’avait aucune notion de temps ni d’espace et encore moins de l’argent. Ça me fait penser à François Fillon, dans le genre. Charles II est aussi prognathe et sa langue (disproportionnée) le fait baver à longueur de journée. C’est pas le roi de l’élégance, au contraire, on le surnomme le Charles II l’ensorcelé…

Charles II, El Hechizado

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Déjà enfant, Charles n’a pas un physique conventionnel et en grandissant, ça ne change pas. Il mesure 1m92, il est très maigre avec une mâchoire proéminente et il n’a aucun poil sur le corps. Charles n’a jamais connu de puberté. Mais si Charles II est surnommé El Hechizado, l’Ensorcelé en Français, ce n’est pas à cause de son physique mais plutôt à cause des différents troubles dont il souffre… On le pense victime de sorcellerie ou possédé par un démon. En réalité, il n’y a rien de tel, il est difficilement compréhensible du fait de son énorme langue et il fait de nombreuses crises d’épilepsie. De plus il souffre d’hérédosyphilis, sa mère a contracté la syphilis pendant la grossesse et Charles est donc victime de plusieurs troubles neurologiques (comme s’il avait besoin de ça en plus). Rien de démoniaque en somme.

 

A la fin de sa vie, les problèmes neurologiques s’accentuent, le roi est victime de migraines en permanence, les crises d’épilepsie sont nombreuses et il est victimes hallucinations visuelles et de perte de conscience. On raconte que les crises les plus importantes étaient dû à sa seconde épouse : Marie-Anne de Neubourg qui ne supportait pas son mari et le lui faisait comprendre. En même temps, paye ton mariage arrangé quoi… A la mort de la première épouse de Charles II (la nièce de Louis XIV), il n’y a toujours aucun héritier alors on cherche une belle poule pondeuse. La mère de Marie-Anne de Neubourg a eu 17 enfants et les femmes de la famille sont réputée pour être hautement fertiles. En plus, ce mariage lie les Habsbourg à la maison autrichienne alors c’est tout bénef pour les deux familles… Seulement, le couple royal Marie-Anne Neubourg et Charles II reste sans enfant et l’infertilité du roi met fin à la dynastie des Habsbourg en Espagne.

Le syndrome de Klinefelter de Charles II

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Je vous en ai parlé il y a quelques lignes déjà, les scientifiques du XXe siècle sont formels : Charles II était atteint du syndrome de Klinefelter. Taille plus grande que la fratrie, manque de testostérone, absence de poil, fragilité dentaire, absence de puberté, manque de tonus musculaire, taille des testicules réduite mais érection de longue durée, fatigue permanente, retard d’apprentissage, syndrome dépressif et stérilité sont les principaux symptômes du syndrome. Charles II possède deux chromosomes X et un Y, de fait, il est stérile (il existe 10% des cas, appelés « mosaïques » qui n’entraînent pas la stérilité).

Pour l’anecdote : en 1666, le roi Charles II d’Espagne qui possédait la ville a donné son nom à Charleroi en Belgique. Aujourd’hui encore la place principale s’appelle : place Charles II.

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Pour en savoir plus, je te conseille quelques livres sur l’histoire espagnole ! Celui-ci, celui-là, ou encore lui et lui.

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23 thoughts on “Charles II d’Espagne, le roi victime de consanguinité

  1. « Ça me fait penser à François Fillon, dans le genre » – que vient faire une allusion à M. Fillon dans un texte sur l’histoire ?

  2. « A vrai dire, j’ai trouvé la blague sur Mônsieur Fillon excellente, même si elle en vexe certains. »

    Je suis tout à fait d’accord !

  3. Un article très intéressant mais je tiens à souligner une petite erreur : la 1ère femme de Charles II est Marie-Louise d’Orléans et non d’Autriche (qui est elle la femme de Napoléon Ier). Bonne continuation ! 🙂

  4. A chaque fois que je vous li… Non seulement j’en apprends des choses… mais de plus vos allusions humoristique me font beaucoup rire ! Merci

  5. Pingback: Don Carlos, l'histoire d'une vie ratée | Raconte-moi l'Histoire

  6. purée les grincheux dans les commentaires.. gnagnagna Fillon, gnagnagna « le mec », au secours! allez lire des encyclopédies Bordas, si ça vous dérange!

    en tout cas, c’est une bien triste histoire. ce pauvre gosse souffreteux à peine encadré parce que tout le monde attend qu’il crève, ces pauvres filles mariées à leur cousin/tonton, sommées de faire naître des garçons et blâmées quand elle n’y parviennent pas…

    George RR Martin a du bien potasser l’histoire des rois d’Espagne pour écrire Games of thrones, parce que tout y est : les Targaryens consanguins à moitié fou, la régente Cersei Lannister qui met sur le trône son petit enfant, les guerres interminables pour avoir la couronne…

  7. Oui ,l’allusion à Fillon est bien dérisoire quand on voit ce que l’autre et sa mémé nous coûtent ! Dommage car l’article était intéressant ….

  8. Manque de rigueur historique et fondé sur de nombreux lieux communs sur Charles II d’Espagne. L’auteur ne doit pas être l’un des deux spécialistes français de son règne.

  9. L’auteur manque tout de même sérieusement de rigueur, dans sa volonté affichée de faire rire au détriment de Charles II d’Espagne. Apportons quelques nuances…
    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le terme « débile » est utilisé pour définir une santé fragile, pas pour désigner un idiot.
    Surtout, l’auteur semble ignorer que tous les Habsbourg sont prognathes, c’est à dire ont une mâchoire inférieure qui s’avance un peu trop. C’était particulièrement caractéristique chez Charles Quint, qui , à cause de cela mâchait mal les aliments et avait une haleine de lion !
    Rappelons que le malheureux Charles II a été remplacé par un petit-fils de Louis XIV, donc un Capétien ; c’est la fin de l’encerclement de la France par les Habsbourg … l’actuel Roi d’Espagne est descendant direct de Louis XIV.

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