Autoportrait, allégorie de la peinture par Artemisia Gentileschi

Récit du viol : « Il m’arracha le chevalet et les pinceaux des mains, les jeta ça et là et dit à Tuzia : “ Va-t-en d’ici. ” Je dis à Tuzia de ne pas partir et de ne pas me laisser seule, comme je l’en avais déjà priée auparavant. Mais elle dit : “ Je ne veux pas rester ici à me quereller, je m’en vais. ” Avant même qu’elle fût sortie, Agostino mit sa tête sur mon sein et quand elle fut partie, il me prit par la main et me dit : “ Promenons-nous un peu ensemble, on se fatigue à rester assis. ” Tout en nous promenant ainsi deux ou trois fois à travers la salle, je lui dis que je me sentais mal et que je pensais avoir la fièvre. Il me répondit : “ J’ai plus de fièvre que vous. ” Après avoir fait deux ou trois fois le tour de la salle, comme en marchant nous passions devant la porte de ma chambre, une fois arrivés à la porte, il me poussa et ferma à clef. Cela fait, il me renversa sur le bord du lit en m’appuyant une main sur la poitrine et me mit un genou entre les cuisses pour que je ne puisse pas les serrer. Après avoir relevé mes jupes, avec grande difficulté d’ailleurs, d’une main, il me mit un mouchoir sur la bouche pour que je ne crie pas et me lâcha les mains qu’il tenait de son autre main ; il avait d’abord mis ses deux genoux entre mes jambes. Puis, ayant pointé son membre vers ma nature, il commença à pousser et me le mit dedans : cela me brûlait fort et me faisait très mal.
À cause du mouchoir qu’il tenait contre ma bouche, je ne parvenais pas à crier et, pourtant, je tentais de le faire du mieux que je pouvais en appelant Tuzia. Et, avant qu’il ne me le remît dedans, je lui serrai si fortement le membre que je lui arrachai un morceau de chair. Mais il ne fit aucun cas de tout cela et continua son affaire. Il resta sur moi un long moment en maintenant son membre dans ma nature et quand il eut son fait, il se retira. Me voyant libérée, je me précipitai vers le tiroir de la table, je pris un couteau et je marchai sur Agostino en disant : “ Je veux te tuer avec ce couteau puisque tu m’as déshonorée ! ” Il dit alors en ouvrant son gilet : “ Me voilà prêt. ” Je lui donnai un coup de couteau qu’il esquiva, sinon j’aurais pu lui faire mal et le tuer facilement. Cela dit, je le blessai un peu à la poitrine mais il n’en sortit que peu de sang car je l’avais à peine effleuré avec la pointe du couteau. Agostino referma alors son gilet ; quant à moi je pleurai et me lamentai du tort qu’il m’avait fait. Pour me calmer il me dit : “ Donnez-moi la main. Je vous promets de vous épouser dès que je serai sorti du labyrinthe dans lequel je me trouve en ce moment. ”

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