Les 31cm de Raspoutine [par Vladimir Praline]


Raconter une histoire qui a fait l’Histoire. Une histoire qui a fait l’Histoire et qui permet de la « vulgariser » et pourquoi pas même, qui est, de par son objet, volontiers « vulgaire ». Si tel est bien l’ambitieux projet de ce blog, je remercie celle que vous connaissez tous de me permettre d’apporter ma pierre au dentifrice en publiant un article ici. Maintenant que je me suis affranchi de mon travail de lèche-botte qui contentera Marine, je peux y aller de mon anecdote historique et me plier à mon tour à l’exercice. 

Vladimir Praline

Top c’est parti ! Pouf pouf*:

31 centimètres ou comment Raspoutine a fait une entrée tonitr(o)uante à la cour de Nicolas II de Russie

31 centimètres de chair plus très fraîche surnageant péniblement dans du formol, ça ne vous fait pas nécessairement penser à un des personnages les plus influents de la Russie tsariste. Ça ne vous fait pas non plus penser à une des figures marquantes de l’Histoire politique du XXème siècle. Pourtant, c’est bien un sexe baignant dans du formol contenu dans un bocal au musée de l’érotisme de Saint-Pétersbourg (clique), qui a contribué a construire le mythe du personnage dont je vais vous parler dans ce billet : Grigoriï Efimovitch Raspoutine.

rasputin..

Eh oui, pour beaucoup Raspoutine c’est surtout, un type louche dont les Boney M chantent les louanges : « Ra Ra Rasputin nien nien nien nien sex machine… » (J’ai chanté à voix haute, pour être sur de ne pas oublier un « nien »).

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31 centimètres donc. Eh bah, ma bonne dame, de nos jours pour trouver un tel engin sur le marché, il faut se lever de bonne heure ! J’ai moi-même eu la chance de voir de mes yeux la chose, et, permettez-moi de vous dire que ça fait vite passer l’envie de s’y frotter, en dehors de toute considération de sexe, genre ou orientation sexuelle.

Bon, super ! Le type avait un gros sexe. Et après ? Et bien justement, combien de personnages entrés dans l’Histoire ont vu leurs organes génitaux exposés dans un musée? Et on en vient, enfin, à nos moutons :
Dans quelle mesure ce qui est indéniablement devenu un « mythe Raspoutine » doit son ampleur à cet objet incongru qui s’offre à la vue du public pour quelques dizaines de roubles? Et, bon sang, comment a t-il atterri dans un bocal au milieu d’une clinique privée de l’ancienne capitale des Tsars ?!
On va tenter d’expliquer les choses dans l’ordre.

  • Raspoutine, le moujik sibérien

raspoutine

Grigoriï Efimovitch Raspoutine est un moujik, soit un « paysan », russe, tout ce qu’il y a de plus ordinaire On estime en général qu’il naît en 1869 à Pokrovskoïe, petit village de Sibérie orientale. Il y mène une vie plutôt ordinaire qu’on qualifiera de « pépouze t’as vu » jusqu’à un premier événement qui va constituer le fait d’arme inaugural d’une œuvre digne des plus grands maîtres et qui sera rapporté comme la première occasion où Raspoutine a fait parler de lui et de ses talents de guérisseur.

  • Raspoutine, le guérisseur

Pour être tout à fait honnête, je n’ai plus le bouquin sur lequel je me base sous la main mais il me semble que c’était une jument qui boitait. Le jeune Raspoutine est arrivé, a fait des trucs chelou en scred et BOUM.
La jument est repartie tranquilou. En gros. Autrement dit et pour faire court, ce sont donc ses talents de guérisseur qui font rapidement la renommée de Raspoutine et sa fulgurante ascension sociale de simple moujik à conseiller-occulte-en chef-avec-babouches-à-pompons-et-double-rab-de-pelmenis**  à la cantoche de la tsarine, et par le fait, de son mec, l’Empereur Nicolas II de Russie.

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En effet, l’élément déterminant à mentionner ici est la maladie héréditaire (Il la tiendrait de son arrière-mère-grand qui a quand même régné sur le Royaume-Uni pendant plus de 60 berges. On peut lui pardonner de saigner un peu plus que la moyenne croyez pas ?) dont est atteint le tsarévitch Alexis : l’hémophilie. Au cours de l’année 1907, suite à une énième crise du seul successeur potentiel du Tsar, l’Impératrice et son mari se laissent convaincre par une proche de faire appel à un « Saint homme » vivant en Sibérie. Quelques jours plus tard, Raspoutine fait son entrée à la Cour. S’installant même pour des séjours de longue durée au Palais impérial ou à Tsarskoïe Selo, résidence d’été de la famille impériale située non loin (trois, quatre stations de RER tout au plus, le temps de lire le gratuit de la Pravda quoi) de Saint-Pétersbourg.

Le Tsar, sa meuf et Alexis qui est en pleine forme tavu

Le succès de Raspoutine au chevet d’Alexis est immédiat. Une poignée d’heures après son arrivée, l’hémorragie cesse et la blessure du jeune garçon (3 ans) se résorbe. Evidemment, il y a controverse sur cette guérison miraculeuse comme sur beaucoup de faits d’arme attribués à Raspoutine. Au titre des explications relativement « rationnelles » on peut citer l’injonction très ferme de Raspoutine, en plus de congédier les médecins, de ne plus donner d’aspirine au tsarévitch. Or, l’aspirine est un anticoagulant, ce que les médecins de la Cour ne savaient pas… De même, et comme le rappelle Vladimir Fédorovski, l’aspect psychologique pourrait entrer en compte, notamment pour les guérisons futures du garçonnet qui, voyant arriver Raspoutine à son chevet et sentant l’atmosphère s’apaiser autour de lui (sa mère identifiant Raspou comme LE sauveur de sa progéniture et, de la destinée de la famille impériale) serait plus calme et donc pisserait moins le sang.

  • Raspoutine, le tombeur

Voilà donc notre Raspoutine bien « posey » à la Cour. Une fois là-bas, pas dupe, le loustic s’est dit qu’il en profiterait bien pour batifoler un peu et goûter, re-goûter voire re-re-goûter au péché de chair. Et de fil en aiguille (c’est pour vous la faire soft parce-que c’était pas vraiment des ateliers couture qu’il animait l’animal…) notre bonhomme érigea la luxure en « pilier » d’une religion qu’il bricola bon an mal an. Il avait ainsi pour coutume de répéter à ses fidèles que « pour se rapprocher de Dieu, il faut beaucoup pêcher ». Pratique en somme. Du coup, oui, les anecdotes sur sa vie sexuelle sont légion. Pour n’en citer qu’une, et non des moins croustimoelleuses, il aurait une fois été surpris au bania (des bains russes) avec une de ses maîtresse qui lui criait : «Tu es Dieu et je suis ta brebis ». Avouez qu’on a connu moins perchée comme « gonzesse »…

    •  Le chibre de Raspoutine

Et c’est LÀ qu’intervient la fameuse « quequette à Raspoupou ». Raspoutine aurait usé et abusé de ses charmes (oui, oui, le gros barbu porté sur la bouteille qu’il était avait du charme, dit-on) pour monter quatre à quatre les marches de l’Everest social.
On dit qu’il avait notamment un regard absolument dingo qui hypnotisait les « nenettes » les plus en vue à la Cour et tétanisait quiconque tentait de lui tenir tête, en gros.
elephEnsuite, sa réputation de coureur de jupons (je ne vous ferai pas la liste exhaustive mais le pluriel est vraiment de mise) a fait le reste. On peut rappeler à ce titre que cette réputation lui attirait les foudres de pas mal de monde dont celles de la police secrète, l’Okhrana, multipliant les rapports « secrets » qui s’entassaient sur le bureau du Tsar. C’est ainsi que Grigoriï Efimovicth a pu pénétrer (oui, bon…) la haute société pétersbourgeoise en intégrant petit à petit les cercles les plus prestigieux et se rendant, de manière quasi systématique, indispensables à ceux à qui ils distillaient visions, conseils et autres prédic(a)tions.

Si tu veux voir la bête, clique ici !

Pour conclure et répondre, finallyyyyyy, à la question : est-ce donc grâce à son sexe que Raspoutine a littéralement fait sauter unes à unes les frontières de classes qui se dressaient sur sa destinée extraordinaire ? Pas vraiment. Pas seulement en tout cas.
Mais les pratiques dissolues de Raspoutine font partie intégrante du personnage ainsi que – et surtout – du mythe qui l’entoure encore aujourd’hui en Russie et de par le monde.

  • Mais au fait…qu’est-ce qu’elle fout là cette vielle « teube » ???

Encore une fois, comme si l’histoire avait été cousue de barbe hirsute pour ménager le mystère et des suspenses haletants à chaque page qu’on tourne, on ne peut s’appuyer que sur des hypothèses. La plus communément admise et la plus « documentée » considère que ce membre serait plutôt celui d’un animal de type pachyderme…

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Tu aimes les .gif de pénis ballant ? Découvre Penny !

 

 

Les mensurations auraient été respectées (un éléphanteau sélectionné sur mesure ?) mais ça ne serait pas le « vrai » sexe de Raspoutine. Mais le sexe de Raspoutine lui a-t-il vraiment été ôté ? Manque de bol, le rapport de l’autopsie de l’époque a disparu (ce qui pose beaucoup de questions concernant les conditions de la mort de Raspoutine mais c’est un vaste sujet). Une thèse rapporte qu’on a bien chipé le sexe de Raspoutine et qu’il aurait été adoré par un groupe d’admirateurs du Saint-homme par la suite.

Finalement, on ne sait pas trop où est passé le sexe de Raspoutine, alors ce qui est chouette, c’est que chacun choisit la fin qu’il préfère.

Vladimir Praline

*Bien sûr que ce n’est pas de moi, c’est de Pierre Desproges, humoriste pré-post-moderne qui n’aurait jamais passé les qualifs de l’émission On ne demande qu’à en rire si cette émission avait existé en son temps où l’impertinence n’était pas une soupe servie par Laurent Ruquier…mais ça c’est une autre affaire et on en parlera après la (re)prise de la Bastille, je vous en fais la promesse camarades.

** Des sortes de raviolis mais avec plus de viande. C’est bon et c’est LE plat des étudiants : on sort du congélusse, on plonge dans l’eau frémissante et on déguste plein de mayonnaise et de ketchup. Comme les pâtes chez nous.

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  • Pour plus d’informations tu peux lire : Fédérovski, le roman de Raspoutine
  • Et tu peux lire ça aussi: Catherine II
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20 thoughts on “Les 31cm de Raspoutine [par Vladimir Praline]

  1. oh bah merci didons 🙂 ta mieux si vous pensez que je n’ai pas failli dans ma contribution au projet de mama la banana !

  2. Hahaha !!! J’adore !!! On apprend des choses, mais sur un ton décalé et pas gnan-gnan !!!! Je ne suis pas une grande fan de l’histoire en général, mais je vais prendre plaisir à continuer mes lectures ici je pense !!! (j’ai déjà parcourue la partie sur les femmes au 19ème siècle et ça vaut le détour ^^)
    Merci donc pour ce blog !!!!

    • votre pseudonyme donne à penser que vous pourriez avoir des accointances avec la Russie… je fais fausse route ? méfiez-vous, mes chevilles n’en répondraient plus car ce serait une sacrée reconnaissance qu’un tel compliment de la part d’une connaisseuse de la langue de Pouchkine ! ahah

      plus sérieusement et quoiqu’il en soit, merci de votre commentaire 🙂 il m’encourage à proposer à Marine un nouvel article concernant la mort, cette fois, du mystique !

  3. Pingback: [Guest Star Valentin] L’amour absolu au temps de l’absolutisme | Raconte moi l'Histoire

  4. Marine,
    Pardonne moi. j’ai lu ton sms d’amour que tu ne voulais pas que je dévoile sur la toile, j’ai ri, j’ai pleuré à chaudes larmes et encore pleuré, puis ri, pleuré, ri, ri, ri, pleuré et re-ri. C’était beau. Merci Marine. Je te réponds de ce pas.
    Avec toute ma considération,
    Michel Fugain.

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  6. Pingback: Mythologie, braquage à la Grecque | Raconte moi l'Histoire

  7. Et on pourrait pas avoir un article sur le chibre de Napoléon ?? 😀 Surtout qu’il y’a de la matière à ce sujet (ou pas hoho)

    Parce que ça me passionne tout autant que celui de Raspoutine . Et par ailleurs très bon article .

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